Le premier tour des élections présidentielles passé, on pourrait se sentir soulagé. Le suspense n’aura pas duré très longtemps. Déjà sur CNN, vers 19h45 dimanche, les commentateurs faisaient état d’un résultat sans grande surprise. Soit! Si avec plus de 30% des suffrages Nicolas Sarkozy est sorti en tête, Ségolène Royal a sauvé la sienne et du même coup son parti.
On n’ose imaginer quelle aurait été la situation du Parti Socialiste, si une fois encore son candidat n’avait pu se qualifier pour le second tour. La bonne surprise, s’il y en a une, vient de l’excellent score de François Bayrou. Certes, la France ne semble pas encore prête à briser cet éculé clivage droite gauche, qui à mon sens est dénué de tout fondement, mais date est désormais prise pour une nouvelle donne politique.
L’autre surprise c’est l’érosion du Front National. Je ne voyais pas Jean-Marie Le Pen réitérer son exploit de 2002. Cela ne signifie pas qu’il faille enterrer le Front National. Loin de là.
Reste le vote protestataire de la gauche extrême anti-libérale. L’émiettement des voix aura fait mentir son succès lors du référendum du 29 mai 2005 avec la victoire du Non à la Constitution européenne. On croyait cette gauche-là plus forte mais le morcellement des candidatures et l’impossibilité de s’unir derrière un seul et même candidat aura causé sa perte.
On me rétorquera qu’il y a eu l’effet du vote utile, et le spectre du 21 avril 2002. Peut-être mais l’explication ne suffit pas. Le discours anti-ceci ou anti-cela séduit sans doute une frange de la population au-delà des militants de terrain et des batteurs de pavés. Je lisais il n’y a pas si longtemps les propos d’une militante de la LCR affirmant que si Sarkozy était élu, l’extrême gauche serait dans la rue.