J’hésite à écrire sur ma visite d’une semaine en Haïti. J’ai trouvé un Port-au-Prince meurtri et sale. Les Port-au-Princiens sont à genoux. Je suppose que c’est à peu près le même constat pour le reste du pays. Il n’y a pas eu de Noël cette année en Haïti. Les enfants, des enfants de six ans, parlent de la réalité du kidnapping. Ils ont peur.
Cette petite fille de six ans me demande, perplexe, si l’on kidnappe des enfants au Canada. Les enfants que j’ai vu dans mon voisinage de classe moyenne pauvre n’ont pas de jouets et ils ne chantent pas «Petit Papa Noël».
Quand je joue des airs de Noël pour eux sur ma petite flûte à bec, ils regardent et sourient comme si je leur jouais des chansons qui appartiennent à un autre temps, à un autre monde. J’ai essayé de jouer avec les petits enfants et ils ont aimé. Des fois, j’ai l’impression qu’ils ont tout simplement peur de jouer, de s’extérioriser.
Une de mes petites-nièces de neuf ans ne parle presque pas. Je n’ai pas reconnu cette petite fille que j’ai laissée il y a trois ans de cela. Les enfants ont grandi physiquement mais ils ont raté leur enfance. Ils sont sans jouets, sans rien.
Les adolescents sont déconnectés de leurs parents qui ne les comprennent pas et qui ne prennent pas le temps de leur parler. Certains de ces ados n’ont pas de parents dans le pays et vivent sans aucune aide, sans aucune direction.