Au début des années 90, je rencontrais à Ottawa Mohammad Yunus, un bonhomme tout simple qui n’avait ni l’aspect, ni l’allure d’un banquier, pourtant il en était bien un, mais pas comme les autres. On le reconnaît maintenant dans le monde entier comme le père du microcrédit et on le surnomme affectueusement le «banquier des pauvres».
Je me réjouis du fait que le prix Nobel de la paix soit conjointement attribué à ce Bangladais d’origine et à sa banque spécialisée dans le microcrédit, la Grameen Bank. Il demandait lors de notre rencontre, ce, à divers organismes dont RÉSULTATS Canada de faire pression pour que nos élus de l’époque endossent le fonds Grameen, afin d’assurer le développement et la pérennité du concept du microcrédit. Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis.
Créée au Bangladesh en 1976 avec un capital de départ de 27 $, cette banque accorde des prêts modiques aux plus pauvres sans exiger de garanties financières. Le microcrédit a permis à un grand nombre de démunis, habituellement exclus du système bancaire conventionnel, de créer leur propre entreprise et de sortir de la pauvreté.
Aujourd’hui, 6,1 millions de personnes, parmi lesquelles 97 % de femmes, bénéficient des prêts de la Grameen Bank qui emploie aujourd’hui 12 000 personnes et possède 1200 succursales. Avec 99 % de ses prêts remboursés, la banque affiche des taux de remboursement à faire pâlir d’envie les institutions financières traditionnelles occidentales.