C’est un cliché: le Canada est un pays d’immigrants. Mais les clichés sont rarement utiles. Les réalités qu’ils prétendent décrire sont toujours très partielles.
J’avoue que François Bergeron («Immigration: au-delà du cliché» publiée dansle Forum de L’Express du 29 août) a raison en disant que les immigrants doivent apprendre comment agir dans une société démocratique et à la libre parole. Ils doivent accepter que les gens ont le droit de dire et penser ce qu’ils veulent, et ils doivent l’accepter même si ils ne sont pas d’accord. Mais, dans sa lettre, il démontre une attitude, d’après moi, assez commune chez les Canadiens-Français: l’isolationnisme.
C’est, je pense, le résultat de siècles d’isolation linguistique et du fait que la plupart des immigrants s’attachent à l’anglophonie. C’est le produit d’une société trop homogénéisée, une société qui n’a jamais dû se mettre en contact avec des personnes différentes, les accepter.
Moi, je suis fils d’une mère immigrante italienne et d’un père Anglo-Québécois. Je fais partie de la majorité canadienne, mais je comprends aussi ce que c’est de faire partie d’une minorité (être anglophone au Québec, c’est assez difficile) et d’être immigrant. En tant que Montréalais, Québécois, et Canadien je sais aussi ce que c’est d’être fier de sa ville, de sa province, et de son pays.
Peut-être que ça vous surprend, mais je me sens Québécois, même si les Québécois ne m’acceptent pas comme confrère, même s’ils n’avouent pas encore que les anglophones ont des droits. En même temps, j’aide ma grand-mère à faire de la sauce aux tomates et mon grand-père à faire du vin, je vais à une école anglophone et je ne supporte pas le nationalisme francophone.