Avant de devoir gagner une guerre… il ne faudrait jamais la commencer

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Publié 08/08/2006 par Carl E Arkantz

Dans son édito vidéo sur l’Express.fr relatif à la guerre au Proche-Orient opposant Israël au Hezbollah avec pour principale victime directe le Liban et le peuple libanais, Denis Jeambar commence par déplorer l’atrocité de cette guerre et son cortège de morts et de destructions. On ne le serait à moins.

Puis, se lançant dans un vibrant plaidoyer, il affirme qu’Israël doit gagner cette guerre. Mentionnant au passage Ben Gourion qui disait que la dernière guerre d’Israël serait celle qu’elle perdrait, l’éditorialiste avance que la défaite d’Israël ouvrirait la porte à un islamisme conquérant, si ce n’est fasciste et sonnerait le glas de la seule démocratie existante avec la République indienne des rivages de la Méditerranée aux rives du Pacifique.

Il faudrait que M. Jeambar apprenne que le fait d’être une démocratie ne constitue en aucun cas une justification pour mener une guerre contre un État voisin en prétextant vouloir en éradiquer un parti (non majoritaire) lui étant hostile, tuer des civils, bombarder des immeubles, des infrastructures et effectuer un blocus terrestre et maritime. Non, être un État démocratique n’est pas une justification!

D’ailleurs, il faudrait rappeler à M. Jeambar qu’il existait une autre démocratie dans la région: le Liban. Il aura fallu pour détruire cette démocratie 25 ans de guerre civile, suscitée si ce n’est attisée par les tensions internationales et régionales, la guerre froide et les luttes d’influences, le conflit israélo-palestinien – la guerre des 6 jours ayant poussé nombre de Palestiniens à s’installer au Liban – puis l’intervention syrienne à la demande des Chrétiens du Liban et l’occupation israélienne du Sud-Liban.

Pourtant, malgré la tutelle de la Syrie sur un gouvernement, la perte de souveraineté sur le sud de son territoire par Israël appuyé par les mercenaires de l’armée du Sud-Liban, l’émergence du Hezbollah installé par l’Iran après la révolution islamique, les germes de la démocratie ne se sont jamais éteints dans ce pays meurtri. Une étincelle aura suffi à leur permettre d‘éclore, le lâche attentat contre Rafic Hariri.

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Et ce ne sont pas les attentats qui s’ensuivirent qui découragèrent le peuple libanais à se libérer du carcan syrien. Restait le Hezbollah que la résolution 1559 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies exigeait de désarmer.

Comme en 1975, personne n’est venu au chevet du Liban. Personne n’a critiqué l’immixtion de la Syrie. Personne n’a eu à redire de l’occupation israélienne du Sud-Liban. Cette occupation à laquelle Israël a mis fin sine die, forçant ses alliés à une retraite précipitée et laissant le champ libre à un Hezbollah décidé à en découdre avec l’État hébreu.

N’aurait-on pas pu imaginer une région où deux États démocratiques, multiculturels et multiconfessionnels, le Liban et Israël, si complémentaires, puissent vivre en paix voire coexister de manière solidaire? Était-ce trop demander?

La guerre n’est pas une justification. C’est de la guerre que naît le fascisme. N’oublions pas que c’est en se servant de la soi-disant humiliation de la défaite que le parti nazi a sonné le glas de la démocratique République de Weimar. Que cette guerre soit gagnée ou perdue pour l’une ou l’autre partie quelle importance! De toute façon c’est la guerre qui a gagné. La guerre et son corollaire de haine et de violence, d’incompréhension et de rancœur, de vengeance et de représailles.

Et construire des murs pour se protéger ne servira à rien si ce n’est d’isoler plus encore et de creuser le fossé entre les populations. On ne résoudra jamais le problème palestinien, et plus généralement israélo-arabe ou musulman avec un mur aussi haut et aussi épais soit-il. Il faudrait -plutôt bâtir des ponts à la place des murs. Mais qui aura ce –courage-là?

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L’Histoire se rappellera que pour avoir jeté un pont entre deux rives le dernier Premier ministre israélien et le dernier dirigeant égyptien ont été assassinés, le premier par un extrémiste israélien, le second par les extrémistes du parti des Frères Musulmans. Oui, qui aura ce courage-là? Un nouveau Rabin, un nouveau Sadate.

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