Une campagne électorale est l’occasion de toutes les amnésies et de toutes les démagogies. Ainsi en est-il de la taxe d’immigration que les politiciens et les Canadiens semblent n’avoir découvert que dans les dernières semaines.
Cette taxe a toujours existé. Je l’ai payée en 1990 avec ma demande de résidence permanente faite à l’intérieur du Canada. Elle était déjà alors de 300$ (c’était sous Mulroney). Une fortune à l’époque! Je l’ai par la suite payée pour mon épouse et un de mes enfants dont les demandes de résidence permanentes avaient aussi été faites à l’intérieur du Canada (je les avais parrainées). Je l’ai aussi enfin payée pour mes quatre autres enfants parrainés à partir de mon pays d’origine. Elle n’était plus de 300 $ lors de ce dernier parrainage.
À l’époque de ma demande de résidence permanente, seuls les réfugiés au sens de la convention qui voulaient devenir résidents permanents en étaient exemptés.
Cette taxe se justifie en tant que frais de traitement du dossier et c’est d’ailleurs ainsi qu’on devrait la nommer. Nous payons pour le permis de conduire, le certificat de citoyenneté, etc. Même pour les services n’impliquant pas un paiement direct, nous payons quand même via nos impôts. Pourquoi donc une personne qui n’a jamais payé d’impôt au Canada devrait-il bénéficier de la gratuité de traitement de son dossier?
C’est quand ces frais deviennent une taxe qu’ils deviennent justement indécents. Pourquoi donc des gens qui ne sont ni citoyens ni résidents canadiens devraient-ils payer des taxes au gouvernement canadien? C’est indécent. Et ces frais deviennent des taxes quand on les augmente sans tenir compte du coût réel du traitement du dossier. L’indécence devient vol quand on fait participer des gens qui, rappelons-le, ne sont ni citoyens ni résidents à la réduction du déficit avant même toute attache formelle avec le Canada. C’était la justification de Paul Martin alors ministre des Finances pour faire passer ces frais à leur niveau actuel.