L’épopée des rois thraces

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Publié 15/03/2016 par Gabriel Racle

Pour la plupart d’entre nous, ce titre L’épopée des rois thraces reste bien énigmatique, et pour cause. Les rois thraces ne s’inscrivent pas dans quelques souvenirs historiques, artistiques, légendaires même. Qui sont-ils pour qu’ils surgissent maintenant devant nous? Est-ce une bonne idée d’en parler?

La réponse est sans aucun doute un oui affirmatif donné sans hésitation si l’occasion nous est offerte de faire leur connaissance, et elle l’est comme cet article va le montrer. Et cette possibilité d’accroître nos connaissances nous est mentalement bénéfique.

Et si un site Internet s’intitule «La civilisation oubliée des Thraces», qui peuvent donc bien ne pas trouver place dans nos mémoires, le musée du Louvre lui a consacré une exposition l’été dernier et l’éditeur d’art Somogy a publié à cette occasion un fabuleux livre d’histoire et d’art thraces.

Autour de la Bulgarie

La civilisation des Thraces s’est développée sur le territoire de l’actuelle Bulgarie et à ses alentours. Elle s’étendait de la mer Noire à la mer Égée, en englobant les Carpates et en jouxtant trois mers qui communiquent entre elles, les mers Noire, de Marmara et Égée, et elle existait bien avant les pharaons d’Égypte, entre le Ve millénaire et le IIe siècle avant notre ère, estime-ton généralement.

C’est dans ce cadre géographique que se constitue, après les guerres médiques qui au Ve siècle av. n. ère opposent les Grecs aux Perses qui sont vaincus et se replient, un État original et souverain unificateur, le royaume thrace ou celui des Odryses, pour être plus précis. En effet, le départ des forces perses hors d’Europe, en 479 av. n. ère, a engagé un important processus de recomposition politique généralisé.

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Contacts avec l’extérieur

Aux frontières du monde grec et de l’empire perse, apparaît en Thrace cette nouvelle puissance régionale qu’est le royaume odryse.

Les nombreuses tombes d’aristocrates ou de rois, mises au jour ces dernières décennies, rendent compte, avec leur mobilier en céramique, en bronze ou en or, de la richesse de la Thrace. Du fait de sa situation géographique, cette région profite des échanges nombreux qu’elle entretient avec toutes les civilisations qui l’entourent.

Toutefois, ces contacts avec d’autres entités régionales ne se font pas au détriment de l’identité thrace. Les récentes découvertes archéologiques démontrent au contraire comment les emprunts d’éléments de prestige de zones géographiques diverses – Asie mineure achéménide, cités grecques, royaume macédonien – sont adaptés en fonction des traditions locales.

Sépulture d’un souverain odryse

Patrie d’Orphée ou de nombreux rois légendaires cités par Homère, la Thrace a révélé ses splendeurs grâce à de récentes découvertes archéologiques en Bulgarie.

La découverte en août 2004, près de Shipka, de la sépulture intacte d’un souverain odryse a en quelque sorte marqué la découverte d’une nouvelle civilisation. Elle s’est accompagnée de la mis au jour d’objets très nombreux, de forme et de nature diverses, dont l’étude a permis de découvrir des aspects de cette société thrace jusque là méconnue.

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Et le superbe livre de Somogy permet de connaître toutes ces richesses archéologiques, leur diversité, leur provenance, leur utilité, leur nature, grâce à une multitude de reproductions accompagnées de textes descriptifs et explicatifs.

Après une introduction, fort utile, sur la Thrace antique, six sections présentent différents aspects de la société thrace: la Thrace dans l’imaginaire antique et moderne; l’émergene de l’aristocratie odryse; l’organisation du royaume odryse; un mode de vie aristocratique; la Thrace, un espace pluriel; la religion.

Mais il ne faudrait pas penser que ces aperçus se déroulent au fil des pages d’une manière ennuyeuse, car il n’en est rien. Cet ouvrage, L’épopée des rois thraces , a une sous-titre révélateur: Découvertes archéologiques en Bulgarie, et fait quasiment participer à l’épopée de ces découvertes.

Trésors

Chaque chapitre s’ouvre par un court texte suivi de la présentation d’objets découverts, en couleur pour la plupart, qu’accompagne une courte notice. Et l’on va ainsi de découverte en découverte, car ce livre est un trésor qui dévoile à chaque page les trésors des découvertes.

Ici, ce sont de superbes crémides, des protections métalliques décorées destinées à couvrir le mollet et le genou. Là, ce sont des pièces, certaines en or. Des amphores en or décorent d’autres pages.

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Ailleurs, on peut voir de nombreuses appliques de boucliers ou vestimentaires en or. Et voici des rhytons à protomé de cheval, de taureau ou de sphinge, c’est-à-dire de curieux vases qui se terminent par une figure animale, très étranges.

Il y a une abondance de contenants de toute taille, de toute forme, ornés de représentations, des bols, des coupes, des cruches, un pélikè (amphore évasée vers le bas) et des skiphoi (gobelets) à figures rouges. Les bijoux en or sont aussi très nombreux, colliers, bracelets, diadèmes, bagues.

Il est impossible de tout mentionner. Chaque page offre des reproductions, ce qui rend ce livre étincelant et fascinant. Pour un amateur d’art, d’histoire et de découvertes, c’est un cadeau à se faire ou à faire à tout amateur d’antiquités nouvelles.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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