Le colloque annuel du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) est toujours un rendez-vous exceptionnel pour les chercheurs soucieux de partager leurs réflexions sur la francophonie.
Prenant la parole à tour de rôle, à l’Université d’Ottawa, les 3, 4 et 5 mars dernier, plus d’une vingtaine d’intellectuels de différentes disciplines ont partagé le résultat de leurs recherches. En allocution d’ouverture, l’essentiel de la problématique a été présentée par le doctorant en histoire François-Olivier Dorais qui va publier cette année, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sa première monographie: Un historien dans la cité: Gaétan Gervais et l’Ontario français.
Au cours des dernières décennies, le bilinguisme s’impose comme une composante centrale de l’échafaudage du Canada. Il peut être considéré comme l’utopie concrétisée d’une volonté de refondation du Canada. L’adoption, en 1969, de la Loi sur les langues officielles résultait d’une tradition séculaire de débats politiques entre les deux «nations fondatrices» sur les conditions de leur réconciliation, le renouvellement du fédéralisme canadien devant y présider.
L’État fédéral s’engageait à inscrire le bilinguisme au cœur des institutions politiques canadiennes, à offrir aux citoyens canadiens des services dans les deux langues officielles et à faire la promotion du bilinguisme individuel. Cette réalité va toutefois bien au-delà du caractère juridique et institutionnel de la reconnaissance formelle de l’égalité de statut entre les langues officielles. Elle procède à la fois d’une politique et d’un objectif sociétal visant à refonder l’identité canadienne et son régime de citoyenneté sur de nouvelles assises.
Force est de constater que ceux qui ont reconnu d’une manière ou d’une autre la légitimité de ce projet vivent une forme de deuil politique aujourd’hui. Différents indices témoignent de la dislocation du Canada bilingue: