À Rome, non loin du Colisée, se trouve un bâtiment aux allures de forteresse qui «n’a apparemment rien de passionnant», selon un journaliste. C’est le monastère des Quatre-Saints-Couronnés, un ensemble architectural complexe remontant probablement au Ve siècle, qui devrait son nom à quatre sculpteurs chrétiens, martyrisés sous l’empereur Dioclétien (284- 305) pour avoir refusé de faire une statue du dieu Esculape.
Ce lieu était connu pour sa chapelle Saint Sylvestre, qui conserve des fresques de la fin du XIIIe siècle, dont les onze panneaux représentent la «Donation de Constantin», un document par lequel l’empereur Constantin Ier aurait donné au pape Sylvestre la primauté sur les églises d’Orient et le pouvoir impérial sur l’Occident. C’était un faux, comme le démontrera un érudit du XVe siècle.
Une autre célébrité de ce lieu est son cloître, récemment restauré par le Fonds mondial pour les monuments (FMM). Construit à partir de 1084, le cloître repose sur 96 colonnes et 10 pilastres de marbre. C’est un bel exemple du raffinement de l’architecture médiévale romaine. D’après Bertrand du Vignaud, président du FMM pour l’Europe, il «constitue un ensemble architectural exceptionnel ayant traversé les siècles», «il più bello della città», le plus beau de la ville, écrivait il Giornale.
Mais le monastère vient d’ajouter une nouvelle célébrité à sa réputation, une découverte qui suscite l’enthousiasme des milieux artistiques. Le monastère comporte une vaste salle, l’Aula gotica, la salle gothique. Dès 1989, à l’occasion d’autres travaux, Andreina Draghi, historienne de l’art et directrice à la surintendance pour le patrimoine du Lazio, intriguée par cette salle, pressentait que quelque chose devait se cacher sous les enduits et le faux marbre des murs, «la presenza di qualcosa di straordinario», selon la Repubblica.
Des sondages lui donnèrent raison et sous les sept couches de peinture des murs et de la voûte se cachait bien un trésor artistique extraordinaire, enfoui depuis des siècles: des fresques exceptionnelles par la qualité de leur facture et de leurs couleurs, protégées sous leur revêtement.