«…au Canada, le pouvoir de légiférer en matière de langue appartient aux deux ordres de gouvernement – le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux – selon les compétences législatives que leur attribue la Constitution. Par conséquent, les régimes linguistiques varient énormément d’une législature à l’autre, en raison de facteurs historiques, politiques et démographiques. Pour les mêmes raisons, la nature des obligations juridiques relatives au bilinguisme des lois n’est pas la même dans toutes les législatures.»
C’est ce qu’a indiqué Maître Karine McLaren, directrice du Centre de traduction et de terminologie juridiques (CTTJ) de l’Université de Moncton, lors du colloque «La langue des lois et des jugements», tenu par le Barreau de Montréal, le 21 octobre 2015.
Participant d’abord au panel sur la version anglaise des lois du Québec, Me McLaren explique le contexte juridique dans lequel opère le régime de bilinguisme législatif au Québec et ailleurs au pays.
Elle note qu’une obligation de nature constitutionnelle reflète une valeur fondamentale et ne peut être modifiée ou abrogée unilatéralement, alors qu’une obligation législative est de nature plus précaire, puisqu’elle peut être abolie par simple voie législative.
Au sujet de la règle d’égale autorité, Me McLaren souligne que la Cour suprême du Canada a modifié ses règles en 2002 pour exiger que toute référence à une loi bilingue dans les documents présentés à la Cour comporte le libellé des deux versions «parce qu’elle était préoccupée par le manque d’attention apporté en pratique aux deux versions linguistiques des lois bilingues».
Me McLaren a aussi participé au panel sur le manque de visibilité de la jurisprudence québécoise dans le reste du Canada.