Il y a dans le monde 60 millions de personnes déplacées à cause de conflits armés. Parmi elles, les deux tiers ne quitteront jamais leur pays: ce sont des «réfugiés de l’intérieur», pour l’instant incapables de rentrer dans leur ville ou leur région. La majorité du tiers restant vit dans des camps situés dans les pays limitrophes — par exemple, 3,6 millions de Syriens sont au Liban, en Turquie et en Jordanie. Un demi-million d’Érythréens habitent des camps à proximité des frontières de leur pays.
En comparaison, le Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime que 300 000 Syriens sont venus chercher refuge à l’Ouest depuis 2011. Et seulement depuis le début de cette année 2015, 300 000 Syriens, Afghans, Érythréens, Irakiens et autres Africains ont risqué leur vie en traversant la Méditerranée vers l’Europe (3000 se sont noyés comme le petit Aylan Kurdi).
Le chroniqueur Doug Saunders, qui relevait récemment certaines de ces statistiques dans le Globe and Mail, mentionnait aussi que les réfugiés représentent une crise cyclique, et non chronique. Ainsi, pour l’Allemagne, le pic précédent remontait aux années 1990, avec la guerre dans les Balkans.
Et les réfugiés sont très inégalement répartis. L’Allemagne en accepte 70 000 par an, pour une population de 80 millions. La Suède en a accepté presque autant ces dernières années pour une population huit fois moindre.
Les États-Unis en acceptent un peu plus que l’Allemagne, 100 000 par an, mais leur population est quatre fois plus élevée. Les États-Unis sont également aux prises avec une importante migration du Mexique et d’autres pays d’Amérique latine.