C’est un ADN qui a beaucoup voyagé. Son détenteur est mort il y a près de 9000 ans, non loin de la côte du Pacifique. La propriété du squelette a été disputée à Washington par des groupes amérindiens et des anthropologues. L’ADN a été décodé au Danemark et le tout vient de paraître dans une revue britannique.
Déjà, l’homme de Kennewick était lui-même, semble-t-il, un voyageur. Les études de son squelette avaient établi qu’il était vraisemblablement né sur la côte, à des centaines de kilomètres des berges de la rivière Columbia, dans l’État de Washington, où il a été enterré.
Mais ça n’était rien à côté du voyage qui l’attendait. Après huit années de disputes au terme desquelles les tribunaux avaient tranché en faveur des scientifiques, après 10 années impliquant des chercheurs de plusieurs disciplines qui ont conduit en 2014 à un rapport de 670 pages, ce sont des experts généticiens danois qui ont obtenu un fragment d’os du doigt.
Et même cette dernière étape a-t-elle pris plus de temps que prévu: comme nous le rapportions en janvier, il a fallu qu’un journaliste de l’État de Washington fasse un appel à la loi d’accès à l’information pour obtenir les données préliminaires de cette analyse génétique.
Empressement suspect
Et encore la publication de la recherche proprement dite, cette semaine, a-t-elle été marquée par un épisode étrange: en temps normal, la revue Nature envoie aux journalistes accrédités, avec une semaine d’avance, un avant-goût du prochain numéro — les journalistes s’engagent à ne rien publier avant la levée de l’embargo, mais ont ainsi du temps pour préparer des reportages plus fouillés.