Au cours de 1990-1992 l’ambiance sociale s’est gravement détériorée en Allemagne, creusant un fossé de plus en plus profond entre les réfugiés et les Allemands. On devait quitter l’Allemagne pour une meilleure survie, rapporte Izabela. Encore une fois la jeune Roumaine a repris la route en catimini, avec Émile, cette fois-ci vers la France.
Émile parlait bien le français et avait des contacts à Paris. Tandis que Raoul décida de rester en Allemagne. Le couple traversa la frontière en évitant les douaniers qui étaient partis déjeuner. Encore un coup de pouce du destin, selon Izabela. Ils arrivent à Paris en mars 1992.
Durant leur périple en France (1992-2000), Izabela et Émile vécurent sans papiers durant sept ans. Durant l’attente interminable d’obtenir leur permis de séjour, ils ont dû déménager chacune de ces sept années. Sans droit à l’emploi, ils travaillaient au noir.
Malgré tout, nous avons été privilégiés, témoigne Izabela. Dès notre arrivée à Paris les contacts d’Émile nous ont permis de rencontrer une famille roumaine, qui, à son tour, nous a fait rencontrer une famille parisienne aisée et accueillante.
Cette famille bien ancrée dans la haute société française nous a énormément aidés en termes d’adaptation à la vie parisienne. J’ai appris le français auprès de la dame âgée de la famille qui m’a soutenue sans condition. J’ai découvert et savouré la culture française sans contrainte. On nous amenait partout, au théâtre et à l’opéra. Le climat social parisien du milieu des années 1990 m’est apparu libéral et ouvert d’esprit. Je me sentais relativement bien en France malgré notre statut provisoire.