La course au crayon d’or

Projet Auteurs-Écoles

Philippe Porée-Kurrer
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Publié 10/03/2015 par Manon Bodel

Bien souvent, les filles ont de meilleurs taux de réussites que les garçons dans les matières littéraires, comme la lecture et l’écriture, tandis que ces derniers excellent davantage dans les sciences et les mathématiques. Pour bousculer ces habitudes, Philippe Porée-Kurrer a eu une idée tout à fait originale: chaque année, depuis cinq ans, l’écrivain coordonne le projet Auteurs-Écoles invitant un auteur à initier à l’écriture les élèves de 7e année dans les écoles francophones en Ontario.

Ces cours spécifiques sont organisés de cinq à huit fois pendant trois mois à partir de février. L’enseignant accueille un auteur qui vient animer sa classe le temps d’une journée ou d’une demi-journée. Au total, une vingtaine d’écrivains participent au projet.

Ceux-ci sont majoritairement des hommes, francophones, spécialisés dans le roman ou la nouvelle. «Il y a également deux femmes auteurs qui ont été engagées cette année. Elles ont été placées dans des classes où les enseignants sont des hommes: nous voulons avant tout donner des modèles masculins aux garçons pour leur montrer que l’on peut être un homme et écrire aussi!», explique Philippe Porée-Kurrer, qui est lui-même romancier et éditeur.

Les élèves sont répartis au sein de cinq ou six groupes par classe: la plupart du temps, les garçons d’un côté et les filles de l’autre, même si cette année les enfants ont pu choisir de former des groupes mixtes. Chaque groupe doit alors produire sa propre histoire d’une longueur de 2000 à 3500 mots, sous le regard bienveillant de l’auteur, qui les encourage à faire travailler leur imagination, et de l’enseignant, qui veille à ce que la grammaire et l’orthographe ne soient pas abandonnées en cours de route.

«Nous essayons de ne pas influencer les élèves: ce sont leurs scénarios, leurs histoires», précise Philippe Porée-Kurrer. Le rôle de l’auteur est principalement d’aider les élèves à monter et à organiser leur récit autour d’un thème dépendant du curriculum du ministère de l’Éducation. Ils doivent d’abord réfléchir à un plan, puis diviser leur histoire en sections.

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«Chaque enfant du groupe écrit sa section, puis l’ensemble du groupe se réunit et compare ce que chacun a écrit. Ensuite, tous les groupes votent pour importer une des séquences dans l’histoire. C’est un véritable travail d’équipe.»

Et une fois l’histoire terminée, les élèves peuvent voter pour celles qu’ils préfèrent: le groupe accumulant le plus d’étoiles remporte «le crayon d’or» gravé au nom des enfants.

Et ce n’est pas fini: toutes les histoires sont en plus ramassées par Philippe Porée-Kurrer, mises en page et publiées dans des livres divisés en plusieurs volumes. Tous sont tirés à 7500 exemplaires puis distribués à l’ensemble des élèves d’écoles de langue française de septième année.

C’est l’occasion pour tous ces auteurs en herbe de lire avec enthousiasme les nouvelles de leurs camarades et de contempler avec fierté leur propre chef-d’œuvre glissé au milieu des autres récits – de quoi, peut-être, susciter chez eux le goût de lire et développer des habitudes de lecture.

Financé à hauteur de 200 000 $ par le ministère de l’Éducation en langue française, ce projet a remporté un franc succès parmi les enseignants et les élèves participant à ce programme. Ces derniers semblent tous, filles et garçons, améliorer leurs capacités d’écriture et de lecture ainsi que leur façon de travailler en groupe.

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Nombreuses sont les écoles désirant renouveler l’expérience avec de nouvelles classes et une vingtaine d’entre elles ont actuellement l’occasion d’y participer.

«Ce projet a permis à 2500 élèves de 130 écoles francophones de participer à la rédaction d’un texte de fiction sous les conseils d’un auteur mentor.» Mais, en raison de coupures de budget et de l’augmentation de la fréquence des visites des auteurs, les places ne sont pas illimitées. Seules les écoles les plus rapides ont la chance d’être sélectionnées chaque année.

Un beau projet, que Philippe Porée-Kurrer tente de développer et d’implanter en Ontario avant, éventuellement, de le proposer aux autres provinces pour qu’elles puissent, si elles le désirent, se l’approprier.

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