Paru, comme on le sait, le jour de la tuerie à Charlie Hebdo, le roman Soumission, de Michel Houellebecq, est une parabole sur l’islamisation de la France, dans laquelle il poursuit sa formidable décortication de la médiocrité, du cynisme et de la lâcheté chez l’homme occidental moderne.
C’est le thème de son oeuvre depuis Extension du domaine de la lutte (1994) et Les particules élémentaires (1998), même si ce portrait (autoportrait?) cède le haut du pavé au récit dans La possibilité d’une île (2004) et La carte et le territoire (2010).
La psychologie avait repris ses droits dans Soumission, mais l’actualité l’a complètement occultée au profit du débat autour de la vraisemblance de son histoire d’élection d’un président musulman en France en 2022, et des réformes rétrogrades qui sont adoptées par la suite.
Une fois qu’on a passé par-dessus la curieuse délinquance dans la ponctuation (trop de virgules là où ça prendrait des points, comme dans cette parenthèse, je n’avais pas remarqué ça dans ses romans précédents, c’est comme si l’éditeur n’avait pas osé toucher au manuscrit original du monstre sacré), on se prend autant à juger son protagoniste, heureusement plus corrompu que la plupart d’entre nous (n’est-ce pas?), qu’à supputer les chances de succès d’un candidat islamiste à une future élection présidentielle française.
Contrairement à ce qu’il a fait pour l’économie dans La carte et le territoire et pour la génétique dans La possibilité d’une île, Houellebecq présume que la vie quotidienne en général et les communications en particulier n’évolueront pas tant que ça au cours de la prochaine décennie. Par exemple, quelqu’un remet à notre protagoniste une carte de visite comportant pas moins de deux numéros de fax. Je doute fort que le télécopieur et les cartes d’affaires, déjà en voie de disparition, soient encore en vogue en 2022.