J’ai un jour appris que l’expression «faire face à la musique» était incorrecte en français parce qu’elle était le calque de l’expression anglaise équivalente. J’ai alors retenu qu’il valait mieux dire «affronter la situation» ou, si on voulait à tout prix utiliser une expression imagée, employer «prendre le taureau par les cornes».
C’est là une expression fort jolie. En cherchant un peu dans les ouvrages de référence et sur le web pour trouver l’origine de cette expression – je suis curieux de nature, vous le savez – j’ai fait un constat étonnant. En ouvrant le dictionnaire au mot corne, j’ai pu constater que ce mot avait beaucoup de proches parents.
Le mot «corne» est un des plus fertiles de la langue française. Quand je dis «fertile», je veux bien sûr dire que le mot a une famille nombreuse. Il a donné naissance à de nombreux dérivés, encore bien vivants aujourd’hui.
Objet protubérant
Intéressons-nous d’abord au mot corne lui-même. On dit qu’il est apparu dans la langue française vers 1121. Il vient du bas latin corna, qui est en fait une altération de cornua, désignant sommairement un «objet protubérant». Déjà à cette époque, corne avait cor comme concurrent.
Le mot corne, désignant une excroissance dure de certains animaux, a connu une expansion analogique, symbolique et métonymique. Il a d’abord été associé à des êtres imaginaires, comme le diable ou la licorne. Il a par la suite désigné les bois des cerfs, des taureaux.