Vélo: Toronto à la sauce hollandaise

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Publié 18/11/2014 par Charles-Antoine Rouyer

Jennifer Keesmaat, l’urbaniste en chef de Toronto, estime qu’il faut aménager un réseau de pistes cyclables interconnectées pour permettre à davantage de Torontois de se déplacer à bicyclette, y compris l’hiver. La municipalité va d’ailleurs déneiger pour la première fois un réseau de pistes et voies cyclables prioritaires cette saison hivernale.

«Nous pourrions être une ville où la bicyclette est un élément critique de notre infrastructure de transports… Nous savons que l’infrastructure doit être continue, les voies cyclables doivent être continues», a déclaré la native de Hamilton, jeudi soir 13 novembre, lors de son discours d’ouverture des cérémonies de remise des Prix de la ville de Toronto pour les entreprises favorables au vélo.

L’organisme Cycle Toronto, l’association des cyclistes torontois, organisait cette soirée des Prix du vélo.

«À mes yeux, notre objectif est de créer une ville multimodale, créer une ville où nous avons le choix de nous déplacer de manières très diverses… et que ces choix soient sécuritaires», a ajouté l’urbaniste en chef depuis septembre 2012. Avant cela, elle avait cofondé le cabinet torontois DIALOG, une entreprise multidisciplinaire allant de l’ingénierie à l’urbanisme en passant par l’architecture, le paysagisme et le design urbain.

Une «app» pour cyclistes

Jennifer Keesmaat a du même coup dévoilé les résultats d’une récente étude pour cartographier les déplacements cyclistes à Toronto.

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Depuis mars 2014, une application pour téléphone intelligent permet de suivre le trajet de cyclistes volontaires grâce au GPS de leur appareil. (Un concours du 6 octobre au 30 novembre 2014 permet aux participants de courir la chance de remporter un vélo. Au 13 novembre 2014, 3 615 utilisateurs avaient téléchargé 59 921 trajets.)

«Les principales artères pour les automobiles sont aussi les principales artères pour les bicyclettes. Et l’une des raisons est bien simple. Les cyclistes veulent aller là où les gens veulent aller», a résumé ironiquement Jennifer Keesmaat en déclenchant des rires dans le public, principalement composé des membres de Cycle Toronto.

«C’est une question d’avoir foi en l’avenir, car en fait une ville cycliste est une ville humaine», a exhorté Jennifer Keesmaat. «Une ville cycliste est une ville où il fait bon vivre. Une ville cycliste est aussi une ville plus durable, moins vorace en matières premières. Une ville cycliste est aussi une ville animée. Une ville cycliste est aussi une ville prospère.»

Une grand-mère néerlandaise

Jennifer Keesmaat a entamé son discours en racontant que sa propre grand-mère faisait du vélo à l’âge de 86 ans, lors d’une visite de retour dans sa ville natale, comme elle l’avait fait durant toute sa jeunesse avant d’immigrer au Canada après la Deuxième Guerre mondiale. Une fois installée à Toronto, la voiture est alors devenue son mode de transport principal. «L’infrastructure a changé… Elle a pris des décisions fondamentalement différentes.»

Le lieu d’origine de cette grand-mère cycliste? Harleem, en proche banlieue d’Amsterdam la hollandaise et capitale mondiale du vélo, à égalité avec peut-être la danoise Copenhague.

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Forte de ce patrimoine multiculturel typique de Toronto, la diplômée de l’Université York en 1999 avec en poche une maîtrise en études de l’environnement, spécialisation en Politique et urbanisme, après un premier cycle en anglais et philosophie à l’Université Western Ontario, affiche sans complexes ses convictions.

À ceux et celles qui trouvent que la circulation automobile est suffisamment encombrée pour ne pas éliminer des voies pour les transformer en pistes cyclables, elle répond sans hésiter: «Il faut se concentrer sur le déplacement des personnes, et pas sur le déplacement des voitures. »

Vélo-boulot-dodo

Mais Amsterdam est une ville au relief plat. Et si Toronto est loin d’être San Francisco avec ses nombreuses collines, une bonne partie du centre-ville de la capitale ontarienne recouvre le fond d’un ancien lac glaciaire, avec une pente constante remontant du sud vers le nord. À partir de la rue Davenport, il faut gravir des côtes abruptes pour grimper sur le relief (qui se prolonge jusqu’à l’escarpement de Scarborough).

«Je grimpe cette côte tous les jours», rétorque Jennifer Keesmaat, qui dit se rendre au travail à vélo depuis le quartier Yonge et Eglinton, à dix kilomètres de l’Hôtel de Ville de Toronto.

«Mais j’arrête de faire du vélo en hiver, car cela devient trop dangereux avec les bancs de neige qui rendent les rues plus étroites. C’est pour cela qu’il est important d’avoir des infrastructures.» Et de les déneiger l’hiver.

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Infos: www.toronto.ca/cycling
App Toronto Cycling

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UN NOUVEAU CADRE STRATÉGIQUE CYCLISTE

Dans son allocution de 15 minutes, Jennifer Keesmaat a rappelé qu’un nouveau cadre stratégique cycliste établi à l’occasion de la révision en matière de transports du plan directeur de Toronto recommande un réseau de pistes cyclables séparées des automobiles intégré au quadrillage des artères principales.

Des pistes cyclables est-ouest et nord-sud seraient ainsi aménagées tous les 4 à 6 km. Le projet sera présenté au conseil municipal début 2015. Selon le document, le nombre de Bixi pourrait être augmenté pour atteindre 5000 vélos au lieu du millier présentement.

D’ores et déjà, une nouvelle voie cyclable est-ouest va entrer en service fin 2014 sur les rues Wellesley et Harbord depuis la rue Parliament jusqu’à la rue Ossington, avec des tronçons de piste cyclable en site propre, notamment à travers Queen’s Park.

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Cette voie cyclable ininterrompue sera reliée d’une part à la piste hybride nord-sud sur la rue Sherbourne (qui rejoint la voie cyclable sur le viaduc du Prince-Édouard vers Danforth) et d’autre part à la voie cyclable sur les rues Beverley et St. George depuis la rue Queen jusqu’à la rue Bloor.

Ce réseau cyclable au centre-ville s’est développé cet automne avec une voie cyclable dans les deux sens sur la rue Simcoe, permettant de relier le centre-ville à Harbourfront et au sentier Martin Goodman le long du lac Ontario.

Un projet pilote de voies cyclables vient aussi de voir le jour sur les rues Richmond et Adélaïde en vue de l’aménagement à terme de pistes en site propre. De nouvelles voies cyclables à contre-courant de la circulation ont également été mises en place.

À l’horizon 2020, une piste cyclable en site propre sera ouverte sur la rue Eglinton, dans le cadre de l’aménagement de la ligne de train léger sur cette artère, a souligné Jennifer Keesmaat.

Au printemps 2015 ouvrira le nouveau centre cycliste à la mairie de Toronto, avec quatre douches et 380 garages à vélo sécurisés, ciblant les Torontois qui se rendent au travail à vélo. Il sera aménagé dans le stationnement souterrain de la mairie. Les travaux commenceront cet hiver.

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Nouveau cadre stratégique
«Phase 2 Toolkit»

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LE VÉLO À TORONTO EN CHIFFRES

Pistes et voies cyclables (fin 2014): Pistes cyclables: 10,9 km. Voies cyclables (marquage au sol blanc): 207,1 km. Voies cyclables à contre-courant (marquage au sol jaune): 7,7 km

Voies prioritaires cyclistes déneigées et nettoyées cet hiver:

Est-Ouest: sentier Martin Goodman, Adelaide, Richmond, Harbord/Hoskin/Wellesley, Gerrard, College et Viaduc Prince-Édouard.
Nord-Sud: rues/avenues Sherbourne, rues Simcoe, Yonge (au sud de Front), Beverley/St. George, Strachan/Shaw, Roncesvalles.

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Vélo + Métro: Les bicyclettes sont autorisées dans le métro en semaine à l’extérieur des heures de pointe (de 10 h à 15 h 30, après 19 h, avant 6 h 30) et en tout temps les sam. et dim. De nombreux autobus sont équipés de porte-vélos.

Budget annuel: 9 M$ (conception, consultations, travaux d’aménagement)

Cycle Toronto: 2800 membres. 30 $ par an (adhésion). Création de l’organisme en 2008 sous le nom de Syndicat des cyclistes de Toronto. Rebaptisé Cycle Toronto en 2012 pour mieux refléter l’objectif de rendre le cyclisme plus sûr à Toronto sans clivage droite/gauche (www.cycleto.ca)

Bicycle User Group (BUG): 112 groupes de cyclistes aux quatre coins de Toronto qui se regroupe pour encourager et aider les cyclistes sur leur lieu de travail, à l’école, dans leur quartier ou leur groupe communautaire. [email protected] ou http://bit.ly/1H9AqhF

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LES PRIX 2014 DES ENTREPRISES FAVORABLES AU VÉLO

Featherstone Two Wheels Green Delivery: micro-entreprise de service de livraison à l’année uniquement à bicyclette pour produits divers, de King à Eglinton et de Keele à Coxwell; 70 000 km à vélo parcourus depuis 6 ans; twowheelsgreendelivery.com

Timbuk2 Toronto Designs: fabricant de sacs et sacoches pour vélos fondé à San Francisco en 1989 par des coursiers à vélo; garage à vélo intérieur pour ses employés; chambres à air et produits de nettoyage gratuits pour les clients dans leur magasin torontois au 359, rue Queen Ouest; timbuk2.com

Bike Sauce: centre de ressources avec atelier de réparation de vélos où entretenir soi-même sa bicyclette; ateliers et réglage de vélos gratuits lors d’événements; géré par des bénévoles; 341, avenue Broadview, bikesauce.org

Hôpital St. Michael’s: garages à vélo surveillés et zone de réparation de vélos pour les employés; stmichaelshospital.com

Brasserie Steam Whistle: douches et serviettes pour les employés; poste de réparation public devant son édifice (Roundhouse); bicyclette de livraison (caisses de bière et fûts); commanditaire d’un réseau de postes de réparations pour vélos en Ontario; steamwhistle.ca

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Cycle Toronto a également remis des prix communautaires lors de cette soirée; cycleto.ca/toronto-bike-awards

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