Des rosiers canadiens résistants aux maladies et au froid

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Publié 11/11/2014 par Lilian Schaer

Une variété de rosiers tolérante au froid et résistante aux maladies est le rêve de nombreux jardiniers-paysagistes dans les régions nordiques à travers le monde. Bientôt, ce rêve pourrait devenir réalité.

Le Dr Rumen Conev est à la tête d’un programme d’amélioration génétique au Centre de recherche et d’innovation de Vineland pour développer des variétés de rosiers pour des aménagements paysagers et jardins qui résisteront à la tache noire, survivront aux hivers glaciaux canadiens et qui prospèreront au cours de notre période de végétation raccourcie, et ce, tout en produisant des rosiers abondamment fleuris aux feuillages verts foncés brillants.

«La tolérance au froid est certainement importante, mais la priorité en ce moment est l’amélioration génétique pour la résistance aux maladies», explique le Dr Conev. «Vous pouvez avoir un rosier tolérant au froid avec de jolies roses, mais s’il y a défoliation, il n’attirera pas l’attention des consommateurs.»

Les principaux responsables sont la tache noire et le blanc du rosier (oïdium), deux maladies qui provoquent une décoloration de la feuille et dans le cas de la tache noire, la défoliation – les feuilles atteintes jaunissent et tombent prématurément.

Le travail du Dr Conev implique désormais l’amélioration génétique de variétés spécifiques de rosiers pour leur résistance à la tache noire; et parmi ces variétés, il choisit des cultivars qui démontrent également une résistance au blanc du rosier (oïdium).

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Toutefois, le programme d’amélioration génétique du rosier de Vineland n’a pas été mis de l’avant à partir de zéro. En 2010, l’Association Canadienne des Pépiniéristes et des Paysagistes (ACPP) a obtenu les droits du programme d’amélioration génétique des rosiers tolérants au froid d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, lesquels remontent au début des années 1950, et a conclu une entente avec Vineland pour prendre en charge le programme de recherche.

«Maintenant, notre travail est un prolongement du travail d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, nous poursuivons la tradition de l’amélioration génétique de rosiers extrêmement tolérants au froid pouvant survivre à des températures de -35 C à -40 C sans paillage et protection », indique le Dr Conev.

Il ajoute également que le programme de Vineland est le seul de son genre au monde; il y a donc, assurément, un créneau de marché pour des rosiers tolérants au froid et résistants aux maladies. Dans le passé, les rosiers canadiens étaient commercialisés uniquement au Canada et en quantités très limitées aux États-Unis. Avec les nouveaux cultivars, l’objectif est de développer des débouchés sur le marché international particulièrement dans les régions avec un climat semblable à celui du Canada, telles que la Scandinavie et l’Europe orientale.

Bien que le secteur des pépinières au Canada ait généré des ventes de 637 millions $ en 2013, les exportations ont quant à elles représenté uniquement 13,5 millions $. L’Allemagne et les États-Unis sont actuellement les leaders mondiaux dans le domaine de la production de rosiers pour les pépinières et les paysagistes.

En seulement cinq ans, la série de rosiers «Knockout» est devenue le meilleur vendeur dans l’histoire de l’horticulture et c’est ce qui pourrait se produire également avec nos rosiers», indique le Dr Conev en ce qui concerne le potentiel du marché.

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«Non seulement ils sont tolérants au froid et résistants à la tache noire, avec leur feuillage vert foncé et brillant ils ont également belle apparence et font en sorte que les consommateurs apprécient le rosier même lorsqu’il n’est pas en floraison.»

Chaque année, l’équipe de Vineland produit plus de 15 000 croisements contrôlés dans le but de jumeler des caractéristiques provenant de centaines de variétés et lignes canadiennes et internationales. Chaque année, entre 10 000 et 15 000 semis sont par la suite plantés dans les champs de fermes expérimentales de Vineland.

Les meilleures plantes – moins d’un pour cent de ces plantes initiales – sont sélectionnées pour des essais commerciaux. Ceci signifie qu’elles sont expédiées à des pépinières membres de l’ACPP à travers le Canada pour une évaluation plus approfondie, soit en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Vineland a également établi un partenariat avec l’Université de la Saskatchewan, laquelle exploite un site d’essai dans l’une des régions canadiennes urbanisées les plus froides.

«De manière à pouvoir identifier les limites de tolérance au froid de chaque sélection à l’essai, nous avons des sites d’essai de la Zone deux à la Zone huit», indique le Dr Conev, décrivant de quelle façon les zones climatiques sont évaluées; les nombres inférieurs représentent les régions les plus froides et les nombres supérieurs représentent les régions les plus chaudes.

Au bout de deux à trois ans d’essais extérieurs rigoureux sans vaporisation de fongicides et de protection hivernale, quelques-uns des cultivars les plus performants seront sélectionnés annuellement pour être commercialisés. Le Dr Conev prévoit le lancement sur le marché des nouveaux rosiers de Vineland au printemps 2018.

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Habituellement, il faut compter dix ans ou plus pour lancer sur le marché une nouvelle variété de rosiers.

Toutefois, Vineland a été en mesure de raccourcir ce délai à sept ans en accomplissant plusieurs activités simultanément, telles que l’identification des cultivars performants et l’acquisition d’une protection des obtentions végétales (POV) pour commencer une multiplication suffisante de plantes pour la commercialisation.

Et bientôt, le processus prendra encore moins de temps. Vineland vient de recevoir 1,4 million $ d’Agriculture et Agroalimentaire Canada pour moderniser son programme d’amélioration génétique du rosier à l’aide d’une technologie avancée d’analyse de l’ADN.

«Si vous pouvez déterminer la résistance de la tache noire au niveau moléculaire, cela facilitera la sélection des bonnes variétés à un stade précoce afin de ne pas devoir mener des essais en champs avec 15 000 semis. Nous pouvons réduire ce délai, permettant ainsi d’économiser de l’argent et d’accroître le rendement», explique le Dr Conev.

«Un bon marketing vendra de nouveaux cultivars pendant un an, mais de bonnes génétiques permettront de les vendre pendant 50 ans», ajoute-t-il.

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Le programme d’amélioration génétique du rosier de Vineland est appuyé par l’initiative fédérale-provinciale-territoriale Cultivons l’avenir 2.

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