Harcèlement sexuel en science

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Publié 26/08/2014 par Agence Science-Presse

Une nouvelle étude permet de mettre des chiffres sur un phénomène discuté dans les coulisses de la communauté scientifique depuis quelques années, mais trop souvent balayé sous le tapis: le harcèlement sexuel lors de travaux sur le terrain.

Deux chercheurs sur trois, et dans la plupart des cas ce sont des femmes, auraient subi du harcèlement sexuel, sous une forme ou une autre – surtout verbale –, lors de recherches sur le terrain, selon cette étude parue le 16 juillet dans la revue PLOS One. Ce serait la première fois qu’une étude du genre est menée: 650 entrevues par Internet, auprès de 516 femmes et 142 hommes.

Une plus petite étude, présentée en avril 2013 au congrès de l’Association américaine des anthropologues physiques, aurait été l’élément déclencheur à cette plus vaste étude.

La même équipe, dirigée par l’anthropologue Kathryn Clancy, de l’Université de l’Illinois, avait alors recueilli des témoignages de 122 anthropologues, surtout des femmes, par téléphone ou en ligne: 59% avaient dit avoir été confrontées à des «commentaires inappropriés» et 18% à des gestes déplacés ou violents. Dans la nouvelle étude, 22% disent avoir vécu une agression sexuelle.

Et sans surprise, le harcèlement est plus souvent le fait d’un superviseur ou d’un supérieur. Dans la grande majorité des cas, les femmes étaient étudiantes — du baccalauréat jusqu’au postdoctorat. «Nous nous inquiétons que ce soit au moins une des raisons qui éloignent les femmes des sciences», a ajouté Kate Clancy dans le communiqué émis par son institution.

Les 650 personnes ont été recrutées par l’intermédiaire des réseaux sociaux et de courriels envoyés à des associations professionnelles.

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Du coup, il y a un bémol: bien que l’équipe de quatre personnes ait formulé prudemment ses appels, elles reconnaissent que le simple fait de pouvoir deviner qui étaient ces chercheuses et sur quoi elles travaillaient aurait pu attirer un plus grand nombre de participantes ayant vécu des expériences négatives.

Les domaines concernés impliquent un travail sur le terrain — surtout l’anthropologie, mais aussi l’archéologie et la géologie. Or, le travail sur le terrain, soulignent les auteurs, est souvent l’élément déterminant d’une recherche — c’est-à-dire ce qui augmente les chances d’une publication et d’une subvention.

Ces statistiques apparaissent de plus au moment où quelques campus universitaires américains ont été confrontés à des plaintes d’agressions sexuelles, et où le contexte a souvent laissé croire que les victimes avaient reçu peu de soutien de l’université dans leurs démarches.

Un rapport du Sénat américain est d’ailleurs en préparation à ce sujet, et des données préliminaires dévoilées le 9 juillet disent justement que deux collèges ou universités sur cinq n’ont pas tenu la moindre enquête sur des allégations d’agressions sexuelles depuis cinq ans.

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