Richard Séguin à Toronto: entre sobriété et passion

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Publié 27/03/2007 par Carl Bouchard

Cheveux grisonnants, jeans noirs et bottes de cowboy, à 55 ans, quand Richard Séguin prend sa guitare, il attire. Le chanteur québécois a offert une performance intimiste à plus de 300 personnes réunies pour l’occasion au théâtre Enwave d’Harbourfront. Sur une scène où l’on avait élagué tout apparat, Richard Séguin a poussé les notes d’airs biens connus et moins connus en chantant parfois seul, parfois avec Hugo Perrault, son choriste également réalisateur de son nouvel album Lettres ouvertes, mais rarement à l’unisson avec la foule attentive.

Le spectacle d’une heure et demie (dont deux rappels) était simple et sûr. Sûr en ce sens qu’on a pu entendre ses compositions les plus connues dont Journée d’Amérique, Les bouts d’papier et Aux portes du matin. Des compositions qui sont connues depuis les années 1980-90 et qui ont été de francs succès. Un spectacle sûr aussi dans ses interventions qui étaient préparées avec soins, tout comme les prestations.

Toutefois, c’est avec le goût de la curiosité et de la découverte du nouvel album Lettres ouvertes paru en octobre dernier que Richard Séguin était attendu sur scène. Il apparaît dès lors surprenant de n’entendre que quelques chansons du nouvel album dont la maintenant populaire Qu’est-ce qu’on leur laisse et d’autres présentées en rappel dont Si loin, si près qu’il dédie à sa fille et dont l’interprétation demeure fidèle à l’ensemble de la soirée: intime et posée.

Cela dit, il semblerait que la présence timide des chansons du quinzième album de Richard Séguin n’ait pas été fortuite. Bien qu’elles aient été acclamées par le public et la critique: «Elles [les chansons de Lettres ouvertes] n’ont pas encore subit l’épreuve de la route. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas les chanter avec autant d’assurance que mes chansons précédentes», explique le prolifique artiste. Il a ainsi opté pour une formule dans laquelle le connu et le moins connu se chevauchent.

Pas de coup d’émotion, pas de sentiments intenses, Richard Séguin a offert une prestation douce sur le ton de la confidence. Une interprétation juste et égale de compositions qui ne le réinventent pas, mais le montrent sous un jour plus naturel, plus personnalisé, plus près de lui-même.

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«Je fais parler des gens que je connais, j’écris pour des gens qui me sont chers, c’est un album différent des autres. Je l’ai vraiment senti.»

À savoir si cela a plu à la foule calme et parfois effacée? Il semblerait que oui! Quelques têtes suivaient le rythme des accords de guitare, le plancher vibrait sourdement des pieds qui le frappaient, parfois les mains s’entrechoquaient l’instant de quelques secondes pour accompagner les airs connus.

Mais à la sortie du spectacle, les opinions étaient beaucoup plus vibrantes: «J’espère qu’il va revenir bientôt. Je ne l’avais pas vu en 1988 parce que j’étais enceinte. J’aurais pas manqué ce spectacle-ci c’est certain. C’était vraiment super!» partage Louise de Toronto. «Je l’ai vu au Québec et je l’ai vu quand il est venu à Welland. Je suis une fan. Il est super. Très bon spectacle», a lancé chaudement Carole de Welland.

Une entrée remarquée

Parmi ce qui est à retenir du spectacle de Richard Séguin, c’est bien la première partie. Il y a de ces moments qui rendent une soirée spéciale, et Andrée Bernard nous en a offert un.

La puissance de sa voix, seule avec son piano derrière les micros et les lutrins prêts pour l’homme de la soirée, la chanteuse torontoise a chanté les airs de grands compositeurs connus de la chanson française tels Édith Piaf, Jean Ferrat et Luc Plamondon. Mais aussi deux de ses propres compositions, Déjà et Guana Bara Bay.

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Toujours est-il qu’Andrée Bernard, alors qu’elle sortait de scène, ne s’en faisait pas tant pour la performance qu’elle venait de livrer que pour ses projets futurs: «Je n’ai pas de disque. Je vais devoir en faire un. Sur la scène, alors que je jouais certaines pièces, j’entendais des percussions, de la guitare, de la contrebasse… C’est le genre d’album que j’aimerais enregistrer.» En attendant le grand moment pour lequel elle n’a pas donné de date, Andrée Bernard continue de se produire au restaurant Le St-Tropez.

Clôturé en beauté

Le spectacle de Richard Séguin a clos les dix jours de la Semaine de la francophonie de Toronto qui s’est déroulée cette année du 15 au 24 mars. Dix jours qui représentent selon Sophie Bernier, coordonnatrice du volet culturel au Centre francophone, «une année qui se démarque. Plus les années passent, plus les gens savent quand est la fête, ils savent que les activités sont intéressantes et maintenant le taux de participation est très bon. À froid comme ça je dirais même qu’il y a eu plus de monde au spectacle de fermeture cette année que l’an dernier.»

C’était le premier passage de Richard Séguin dans le cadre de la Semaine de la francophonie, au grand plaisir des admirateurs torontois. À savoir s’il reviendra…: «Ça va dépendre des invitations. Quand Sophie nous a invité on a accepté tout de suite. J’aime Toronto. On va voir, ça va vraiment dépendre des invitations qu’on aura. Mais on va rester en contact avec le Centre francophone.»

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