Cheveux grisonnants, jeans noirs et bottes de cowboy, à 55 ans, quand Richard Séguin prend sa guitare, il attire. Le chanteur québécois a offert une performance intimiste à plus de 300 personnes réunies pour l’occasion au théâtre Enwave d’Harbourfront. Sur une scène où l’on avait élagué tout apparat, Richard Séguin a poussé les notes d’airs biens connus et moins connus en chantant parfois seul, parfois avec Hugo Perrault, son choriste également réalisateur de son nouvel album Lettres ouvertes, mais rarement à l’unisson avec la foule attentive.
Le spectacle d’une heure et demie (dont deux rappels) était simple et sûr. Sûr en ce sens qu’on a pu entendre ses compositions les plus connues dont Journée d’Amérique, Les bouts d’papier et Aux portes du matin. Des compositions qui sont connues depuis les années 1980-90 et qui ont été de francs succès. Un spectacle sûr aussi dans ses interventions qui étaient préparées avec soins, tout comme les prestations.
Toutefois, c’est avec le goût de la curiosité et de la découverte du nouvel album Lettres ouvertes paru en octobre dernier que Richard Séguin était attendu sur scène. Il apparaît dès lors surprenant de n’entendre que quelques chansons du nouvel album dont la maintenant populaire Qu’est-ce qu’on leur laisse et d’autres présentées en rappel dont Si loin, si près qu’il dédie à sa fille et dont l’interprétation demeure fidèle à l’ensemble de la soirée: intime et posée.
Cela dit, il semblerait que la présence timide des chansons du quinzième album de Richard Séguin n’ait pas été fortuite. Bien qu’elles aient été acclamées par le public et la critique: «Elles [les chansons de Lettres ouvertes] n’ont pas encore subit l’épreuve de la route. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas les chanter avec autant d’assurance que mes chansons précédentes», explique le prolifique artiste. Il a ainsi opté pour une formule dans laquelle le connu et le moins connu se chevauchent.
Pas de coup d’émotion, pas de sentiments intenses, Richard Séguin a offert une prestation douce sur le ton de la confidence. Une interprétation juste et égale de compositions qui ne le réinventent pas, mais le montrent sous un jour plus naturel, plus personnalisé, plus près de lui-même.