Antoine Laumet serait-il le père de l’Ontario français?

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Publié 18/02/2014 par Magalie Homo

Sortez vos cahiers, c’est l’heure de votre cours d’histoire! On connaît bien la figure historique d’Étienne Brûlé, le premier français à débarquer au Canada, célèbre coureur des bois, et interprète de Samuel de Champlain. C’est un personnage bien connu des livres d’histoires. Mais qu’en est-il d’Antoine Laumet «de Lamothe Cadillac»?

Connu aujourd’hui essentiellement comme la marque d’une prestigieuse voiture, Cadillac est historiquement considéré comme le fondateur de la ville de Détroit.

Paul-François Sylvestre, historien, romancier et chroniqueur à L’Express, a tenté de nous démontrer mardi soir, lors d’une conférence au studio du Théâtre français de Toronto, que ce personnage historique, pourtant méconnu de la plupart d’entre nous, est à l’origine de beaucoup dans la création de l’Ontario français.

C’est «un des personnages les plus truculents de l’histoire de la Nouvelle-France», selon le Dictionnaire biographique du Canada.

C’est sous le nom d’Antoine Laumet (son nom de naissance) qu’il arrive au Canada vers 1683. Lors de son union avec Marie-Thérèse Guyon en 1687, il magnifie ses origines et se proclame «Antoine de la Mothe, écuyer, sieur de Cadillac, 26 ans, fils de Jean de la Mothe, seigneur du dit lieu de Cadillac, de Launay et de Montet, conseiller au parlement de Toulouse et de dame Jeanne Malenfant».

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Or ses parents ne sont nobles ni d’Ève ni d’Adam. Son père, Jean Laumet, est un simple magistrat et n’est le seigneur de nulle part. Quel fourbe! Il sera d’ailleurs qualifié par William John Eccles comme «l’un des plus fieffés coquins qui n’aient jamais foulé le sol de la Nouvelle-France». Une vaste fumisterie, donc, tout droit venue de France.

L’assomption hiérarchique

D’abord engagé par Fontenac, à Québec, comme lieutenant dans les troupes de la marine, il est ensuite promu au rang de capitaine en reconnaissance de ses services. Il est après cela nommé commandant au Fort de Michillimakinac (ou Fort Buade) à la jonction des lacs Huron et Michigan, un poste très important avec de lourdes responsabilités en pleine guerre contre les Iroquois.

Malheureusement il s’avère être un piètre commandant. En revanche il a une idée, un projet important concernant le Pays-d’en-Haut, et qui sera fondamental dans l’histoire de l’Ontario.

Cadillac veut amener des colons à s’établir au détroit qui relie le lac Érié au lac Sainte-Claire. Et c’est d’ailleurs ce qu’il a fait! Une petite colonie française s’est installée dans la région de ce qu’on appelle aujourd’hui la ville de Détroit dans l’état du Michigan.

Du Fort Pontchartrain à Détroit

C’est accompagné de 50 soldats et 50 colons qu’Antoine Laumet de Lamothe Cadillac débarque au détroit en 1701. Il construit le Fort Pontchartrain sur la rive nord, qui deviendra Détroit, et une mission est fondée ensuite sur la rive sud, future ville de Windsor.

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Déplorable commandant au Fort Buade, il l’est également au Fort Pontchartrain. On l’expédie alors en Louisiane avec les fonctions de gouverneur. Mais n’obéissant qu’à son propre intérêt, il est un pitoyable légat. Rappelé en France en 1717, il meurt à Castelsarrasin 13 ans plus tard.

«Un héros sublime qui ennoblit les premiers chapitres de l’histoire de l’Amérique du Nord» – Agnes Laut

Pourquoi certains historiens tels que Paul-François Sylvestre considèrent-ils cet homme comme un personnage important du paysage historique canadien?

Déjà parce que la ville qu’il fonda est aujourd’hui devenue une grande ville d’Amérique du Nord. Ensuite parce qu’en lisant certains documents de l’époque, Cadillac est «un homme compétant, consciencieux, pondéré, bon serviteur du roi, qui dut toute sa vie se défendre contre les mesquineries d’individus moins doués que lui», explique Paul-François Sylvestre.

Anticlérical

Il ajoute aussi qu’il était anticlérical et de se fait il reçut la sympathie des historiens anglo-protestants: «considéré comme un des rares personnages de l’histoire de la Nouvelle-France qui osa affirmer son indépendance face à la domination du clergé, et défendre les droits de l’état contre les prétentions de l’église».

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C’est grâce à son «esprit visionnaire qu’une colonie a vu le jour sur les bords de la rivière Détroit. Et cette colonie est la première communauté franco-ontarienne. Le reste suivit naturellement, car les francophones de l’Ontario savent toujours faire preuve de dynamisme et de résilience».

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