Ces jeunes francophones à l’assaut de la Ville-Reine

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Publié 06/02/2007 par Ève Pavesi

Chaque année, des milliers de jeunes francophones affluent vers Toronto pour trouver du travail. Qui sont-ils et pourquoi choisissent-ils cette ville? Portraits entremêlés de trois de ces jeunes.

«Ce n’est pas moi qui ai choisi Toronto, mais Toronto qui m’a choisi», lance Julien, 22 ans originaire du Québec. L’idée lui trottait dans la tête depuis son enfance lorsqu’il distribuait le journal pour se faire un peu d’argent de poche. Une annonce pour être traducteur à Toronto paraissait chaque semaine.

À la fin de ses études en France, ayant un bon niveau en anglais, il décide donc de tenter sa chance. «Il y a une vraie pénurie de traducteurs bilingues ici alors cela a été facile de se faire embaucher, et ça paye bien!», ajoute ce jeune homme qui a maintenant un contrat permanent avec un salaire mensuel entre 4000 et 5000$.

Si l’histoire de Julien paraît si facile c’est parce qu’il fait partie de cette catégorie avantagée de jeunes francophones bilingues. Or ce n’est pas le cas de tous les jeunes arrivants dans la Ville-Reine. «On peut dresser deux grands profils de jeunes arrivants francophones à Toronto», explique Paula Girardi-Monteiro de l’organisme Connexion-Emploi qui aide ces jeunes à trouver du travail.

«Il y a les Français avec un permis vacances-travail d’un an (PVT) qui viennent souvent pour améliorer leur niveau d’anglais et les Africains qui fuient des situations politiques difficiles dans leur pays d’origine et qui viennent redémarrer une vie ici. Ces deux catégories ont souvent plus de mal à trouver du travail et un bon salaire que des jeunes bilingues.»

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Mais l’Ontario étant le moteur de l’économie canadienne avec un taux de chômage avoisinant les 6% et employant environ 40% de la population active du Canada, ces jeunes arrivent toujours à trouver chaussure à leur pied que ce soit dans l’industrie manufacturière, dans le secteur commercial ou encore les services financiers.

«Les jeunes non-bilingues qui passent par Connexion-Emploi trouvent aussi souvent un emploi de survie dans des organismes francophones ou dans des restaurants français», ajoute Paula Girardi-Monteiro.

Cécile fait partie de ce qu’on appelle les Pvtistes. Arrivée il y a trois semaines sur le sol canadien en compagnie de son petit ami, cette Française de 25 ans ne réussissait pas à trouver du travail en France après avoir fini ses études en informatique à cause de son mauvais niveau en anglais.

«On a d’abord voulu aller à Londres mais le coût de la vie nous a fait changer d’avis. Puis on a entendu parler du PVT entre le Canada et la France et on s’est alors concentrés sur Toronto car en tant que non bilingues on aurait plus d’opportunité de trouver du travail qu’au Québec où les bilingues courent les rues!».

En une semaine elle décroche un emploi de testeuse d’applications web par l’intermédiaire d’une agence d’intérim. «Ils demandaient une personne bilingue pour tester aussi bien des versions françaises qu’anglaises mais je réussis à me débrouiller avec mes bases d’anglais.» Payée 20$ de l’heure, Cécile peut s’estimer chanceuse, elle dépasse largement le salaire de base d’un Pvtiste qui s’échelonne entre 8$ et 13$ de l’heure.

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C’est d’ailleurs ce que gagne Bruno, son petit-ami qui, ne parlant pas un mot d’anglais, a quand même réussi à trouver un poste dans un centre d’appels vers le Québec spécialisé dans des études de marché. «Le problème c’est que les horaires sont assez irréguliers, cette semaine on m’a demandé de ne pas venir deux jours car il n’y avait pas de travail», déplore le jeune homme.

Diomède est lui originaire du Burundi en Afrique centrale. En juillet dernier, il décide de traverser l’Atlantique pour venir à Toronto. «Je voulais découvrir autre chose, accéder à une société où il y a plus d’opportunités.» C’est très peu de temps après qu’il décroche un emploi dans une compagnie qui produit des documentaires éducatifs en français et en anglais. «Cela n’a pas été difficile pour moi de trouver du travail car j’avais des relations déjà établies sur place et qu’en plus je suis bilingue.» En travaillant deux jours par semaine, il gagne le salaire mensuel moyen d’un Pvtist.

Si certains s’en sortent mieux que d’autres, tous s’accordent sur le fait qu’il fait bon vivre dans la Ville-Reine. «Toronto est une ville très ouverte, très accueillante avec un microcosme de différentes cultures. On peut trouver sans problème sa communauté et on n’a pas vraiment besoin de s’adapter», explique Julien qui vit en collocation avec des Français et d’autres Québécois.

La société ontarienne est en effet l’une des plus multiculturelle du monde. La moitié des immigrants qui viennent au Canada s’installent en Ontario et la moitié de ces derniers vivent à Toronto. Cécile qui a passé deux mois à Montréal apprécie la capitale ontarienne pour son dynamisme et Diomède est toujours autant fasciné par la grandeur de la ville et ses 2,5 millions d’habitants.

Un emballement souvent partagé puisque comme nos trois jeunes, 90 000 travailleurs étrangers arrivent au Canada chaque année.

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D’autres articles sur les PVT dans L’Express.

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