2 morts dans l’explosion de l’usine de feux d’artifice à l’entrée de la route 20

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Publié 20/06/2013 par Pierre Saint-Arnaud et Mélanie Marquis (La Presse Canadienne)

à 17h17 HAE, le 21 juin 2013.

MONTRÉAL – Les autorités ont rendu publique, vendredi, l’identité des deux femmes qui ont perdu la vie la veille dans l’explosion d’une usine de pièces pyrotechniques à Coteau-du-Lac, au Québec, près de l’autoroute 20 juste après la frontière ontarienne.

Il s’agit de Francine Lacroix, une résidante de Rivière-Beaudette âgée de 47 ans, et de Nicole Brisson, une femme de 58 ans qui habitait à Les Coteaux, en Montérégie.

Les deux femmes étaient à l’emploi de l’entreprise BEM Feux d’artifice, dont le bâtiment principal a été complètement soufflé par une puissante déflagration survenue sur le chemin Saint-Emmanuel, le long de l’autoroute 20. Les gens qui font la route Toronto-Montréal connaissent bien ce point de repère.

Les enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) en ont encore pour quelques jours pour rencontrer tous les témoins qui leur permettront de faire progresser leur enquête. Ils devaient rencontrer notamment une dizaine d’employés de l’entreprise qui en compte une vingtaine au total.

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Quant aux expertises des lieux par les techniciens de la SQ, elles avaient été complétées vers 21h30 jeudi.

Parallèlement, des inspecteurs de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) devaient amorcer leur propre enquête et rencontrer également des employés et des témoins de l’événement.

BEM Feux d’artifice assure la conception et la production de pièces pyrotechniques et de feux d’artifice. L’entreprise est implantée à Coteau-du-Lac depuis 40 ans.

Quelque 150 pompiers, provenant de 14 services, ont été mobilisés jeudi pour combattre l’incendie ainsi que la série la série d’explosions.

Les nombreux camions incendie qui ont été dépêchés sur place en matinée se sont retrouvés face à un véritable spectacle pyrotechnique.

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Des feux d’artifice et des pétarades remplies d’étincelles pouvaient être aperçus à travers les nuages noirs de l’incendie, qui a pris naissance dans le bâtiment principal du commerce où se trouvaient les pièces pyrotechniques commerciales réservées aux spectacles de grande envergure, a affirmé le chef des pompiers de Coteau-du-Lac, Stéphane Massicotte.

Une fois le brasier maîtrisé, il ne restait plus que quelques tôles tordues de l’imposant entrepôt et des débris fumants au sol. L’édifice a été complètement soufflé par les multiples explosions qui ont secoué tout le secteur.

Il n’y avait aucune alimentation en eau près de l’immeuble, qui n’était pas non plus équipé de gicleurs, a reconnu M. Massicotte. Il aura ainsi fallu 150 pompiers provenant de 14 services pour maîtriser le brasier. Les renforts ont surtout contribué au transport d’eau, selon le chef des pompiers.

Ainsi, toute la journée, camions de pompiers et camions-citernes ont fait la navette entre le site du sinistre et différents points d’eau, certaines bornes fontaines se trouvant tout juste de l’autre côté de l’autoroute.

Le maire de la municipalité, Robert Sauvé, a justifié l’absence d’approvisionnement en eau en affirmant que l’entreprise était installée sur ce terrain depuis 40 ans. Il a évoqué un malheureux accident et a offert ses condoléances aux familles des deux employées de l’entreprise.

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Cette absence d’aqueduc à proximité d’une usine fabriquant des pièces explosives a cependant soulevé des interrogations au sein du gouvernement Marois, au premier chef le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron.

«On va attendre les conclusions de l’enquête mais je peux vous dire que, déjà, on a quelques préoccupations. Par exemple, il n’y avait pas de borne d’alimentation en eau à proximité. Ç’a compliqué un peu le travail des pompiers. On va certainement tirer un certain nombre de leçons de ce malheureux événement», a dit le ministre.

M. Bergeron, qui accompagnait la première ministre Pauline Marois lors d’un événement à Montréal, a eu quelques mots pour les familles des victimes, tout comme la première ministre.

«Je voudrais offrir mes plus sincères condoléances aux familles des personnes décédées à l’occasion de cet événement et, évidemment, offrir notre support à la communauté, a indiqué Mme Marois. Ça va sûrement affecter toute la communauté de Côteau-du-Lac et des environs.»

Un enquête sera menée afin de déterminer les causes de l’accident, a précisé Joyce Kemp, porte-parole de la Sûreté du Québec.

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L’incendie a forcé l’évacuation d’une quarantaine de résidences, de commerces et une école dans un rayon d’un kilomètre. Peu après 13 h, les personnes évacuées ont commencé à regagner leurs domiciles, a confirmé la police provinciale sur son fil Twitter.

Un épais panache de fumée était visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. Les autorités montréalaises ont d’ailleurs prévenu, vers midi, qu’il se dirigeait vers la rive sud de la métropole.

Le nuage, principalement constitué de suie, contient des métaux lourds qui pourraient causer des irritations, mais on ne craignait aucun effet à la santé, selon les analyses environnementales.

«Je pensais que le dépanneur allait tomber à terre tellement ça a secoué, ça n’a pas d’allure. Ça nous a fait peur, on est tous sortis dehors pour voir et on a vu la grosse boucane, puis les ‘pétards’ ont parti», s’est exclamée Ginette Liboiron, qui travaille dans un dépanneur situé de l’autre côté de l’autoroute 20.

«C’était immense, c’était haut dans les airs, puis après ça, c’est devenu noir, noir, noir, c’était vraiment dégueu», a-t-elle ajouté.

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Marjolaine Ménard, dont le domicile est situé non loin d’une école qui a été évacuée, préparait le déjeuner de ses deux jeunes enfants lorsqu’elle a entendu des explosions.

«Parfois, ils éliminent des feux d’artifice qui ne sont plus bons, alors on entend quelques feux d’artifice exploser sans que ce soit grave, sauf que là, on a vu le gros champignon gris et blanc se dresser au-dessus de la maison», a-t-elle relaté en entrevue téléphonique.

«Juste avant le dîner, ils ont élargi le périmètre des gens qui devaient sortir, alors je n’ai pas pris de chances et je suis sortie de la maison», a ajouté celle qui a trouvé refuge à Vaudreuil, à environ une vingtaine de kilomètres au nord-est de Coteau-du-Lac.

Les équipes d’Urgence-Environnement ont été prévenues de l’événement, a indiqué le ministère du Développement durable, de l’Environnement de la Faune et des Parcs (MDDEFP).

L’expertise du TAGA, l’analyseur de gaz atmosphériques à l’état de traces, a aussi été sollicitée afin de déterminer si des contaminants atmosphériques se sont propagés à la suite de la déflagration.

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Le MDDEFP dit suivre la situation de près afin de s’assurer que toutes les mesures requises sont prises pour la protection de l’environnement. Des véhicules de la Sécurité civile et un hélicoptère de la SQ ont également été dépêchés sur les lieux.

En raison de la violence de l’explosion, les autorités avaient ordonné, vers 9 h 15, une fermeture complète de l’autoroute 20 dans les deux directions sur un large périmètre autour de la sortie 19. Des débris, incluant des pièces pyrotechniques, s’étaient retrouvés jusque dans le terre-plein entre les voies Est et Ouest.

L’autoroute a été rouverte en début d’après-midi.

La circulation ferroviaire, qui avait été interrompue, a repris.

Feux d’artifice BEM, qui emploie environ une vingtaine de personnes,assure la conception et la production de pièces pyrotechniques et de feux d’artifice. L’entreprise se trouve à Coteau-du-Lac, à environ 60 kilomètres au sud-ouest de Montréal.

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