Les violences qui terrorisent les citoyens de Port-au-Prince sont en bonne partie le fait de criminels d’origine haïtienne, qui ont grandi aux États-Unis et au Canada avant d’en être expulsés.
Quand Dorival St-Hubert est sorti en septembre dernier de l’avion qui le ramenait des États-Unis menottes aux poignets, il n’avait qu’une idée en tête: recouvrer sa liberté au plus vite. Ce qu’il fit, on ne sait trop comment, après quelques semaines passées à la prison civile de Port-au-Prince, où sont conduits les criminels expulsés après avoir purgé leur peine aux États-Unis et au Canada.
Pour gagner sa vie, le jeune criminel, élevé à la dure à New York, ne connaissait que la menace, l’extorsion, le vol ou même le meurtre. Il ne s’en est pas privé pour survivre dans les rues sans pitié de la capitale haïtienne. À Carrefour, une commune de la zone métropolitaine où il établit son quartier général cet automne, le petit mafieux a mené ses activités criminelles en toute quiétude. En moins de deux mois, il s’était constitué un véritable arsenal afin d’équiper ses «lieutenants» en armes et en matériel nécessaire aux enlèvements.
«Quand nous avons débarqué chez lui en décembre, nous avons découvert 29 uniformes de la police de New York, un fusil de calibre 12 ainsi que des menottes, soupire le commissaire de la police de Carrefour. Il a l’air d’un soldat en tenue de camouflage et a les moyens d’équiper tous les hommes de sa troupe aussi bien que les soldats de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, Ndlr).» En fuite, ce rapatrié de force est depuis activement recherché pour kidnapping, vol de véhicules et association de malfaiteurs…
«Comme pour envenimer la plaie»
Il n’est pas le seul. Selon les autorités politiques et policières, rares sont les actes de kidnapping signalés – plus d’une centaine ont été enregistrés au cours du seul mois de décembre dans la capitale, dont plusieurs dizaines de rapts d’enfants – où ne sont pas mêlés des jeunes ayant vécu l’essentiel de leur vie aux États-Unis et au Canada.