Mettre des visages à un groupe qui n’a plus de voix, c’est l’essence même de la littérature de Kim Thúy. De son premier roman Vi au dernier, Le secret des Vietnamiennes, l’auteure vietnamo-canadienne revient sur son amour pour les lettres.
«Si on écrit sur des réfugiés comme une masse on ne s’en souviendra jamais», a expliqué l’auteure dans une conférence à la bibliothèque de Toronto du quartier Yorkville le mardi 24 avril. À travers ses romans, le style du portrait prédomine, car pour elle le côté personnel permet de mettre en lumière l’horreur du monde.
La perception de l’oeil
Humaniser la cruauté permet de la faire perdurer. «Les yeux se souviennent d’une action atroce même si cela a pu durer qu’une fraction de seconde», ajoute l’auteure. Une leçon apprise dans le chapitre Comment raconter une vraie histoire de guerre du livre de Tim O’Brien.
Dans son ouvrage The Things They Carried, l’auteur ancien combattant raconte la perception de l’oeil d’un instant aussi cruel que l’explosion d’un soldat sur une mine. Une image qui a marqué Kim Thúy et qui ne quittera jamais sa perception des lettres.
Devant un parterre de lecteurs venus nombreux, Kim Thúy a pu expliquer ce phénomène en prenant l’exemple de la célèbre photo de la petite fille nue pendant la Guerre du Vietnam (qui a éventuellement immigré et vécu longtemps à Toronto). Malgré les nombreuses photos prises lors de cette période, à travers le monde, nous n’avons retenu que celle-ci.