Au détour d’une rue, des élagueurs travaillent à la coupe des arbres urbains. Pour dégager les fils électriques, ils taillent parfois sans ménagement, enlaidissant érables et frênes. La biologiste Jeanne Millet, spécialiste en architecture des arbres, propose dans son dernier livre, Arbres sous tension, de revoir complètement notre conception de cette coupe.
Pour cette prof l’Université de Montréal, tous les arbres poussent selon des modèles identifiables. Ils ont une architecture. «Ainsi, on peut dire comment ils vont réagir à la coupe.»
Normes d’élagage contre-nature
Jeanne Millet remet en cause les normes d’éloignement des câbles imposées par Hydro-Québec, incompatibles avec une croissance naturelle des arbres, quelle que soit l’espèce. L’érable argenté par exemple, particulièrement présent à Montréal, pousse naturellement en fourche.
Cette fourche forme deux troncs, solides et inoffensifs pour les éventuels fils qui passeraient au milieu. Mais encore faut-il que les élagueurs lui en laissent le temps.
Or, les «coupes drastiques», réalisées à plusieurs années d’intervalles, perturbent le fonctionnement de l’arbre et vont stimuler chez lui des réactions de croissance anarchique (photo ci-haut), explique la chercheuse.