Conte de Noël envoyé par une lectrice, Gaby desGroseilliers.
Quand j’étais jeune, au début des années 30, dans un petit village francophone de l’Ontario, Sturgeon Falls, c’était des religieuses françaises de France qui nous enseignaient. Elles avaient apporté leurs propres coutumes de Noël avec elles.
Elles nous faisaient donc découper de petits sabots dans du carton, où on inscrivait de bonnes pensées avant de les remettre à nos parents le grand jour. C’est qu’en France on ne pendait pas son bas comme ici à Noël, mais on déposait son sabot de bois près du foyer.
Si l’enfant avait été sage, le petit Jésus, en souvenir de sa naissance, le remplissait de bonbons. Sinon, le pauvre enfant en se levant le matin, y trouvait du charbon en indiquant que le petit Jésus n’était pas content et rappelant qu’il fait chaud en enfer… Nous étions contents d’être de petits Canadiens, n’ayant rien à voir avec les sabots, et nous efforçant, du moins en décembre, d’être très sages, afin d’avoir un bas bien rempli de bonbons, de noix et surtout d’une orange, fruit exquis réservé à cette date magique.
J’avais sept ans, j’avais été sage, donc je croyais dur comme fer que Jésus viendrait me récompenser puisque c’était Lui qui donnait les cadeaux de Noël. Les soeurs le répétaient, maman aussi, donc le doute ne pouvait subsister dans ma tête d’enfant. Seulement, sans le vouloir, ce Noël-là, papa vient entacher cette certitude.