Des pays au nom complexe

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Publié 30/04/2013 par Martin Francoeur

L’orthographe et la grammaire françaises donnent beaucoup de fil à retordre à quiconque souhaite écrire correctement. Et comme si ce n’était pas assez, même les noms propres sont parfois assez complexes pour nous faire trébucher. Même les noms propres de pays ou plus généralement les noms propres géographiques, constituent une source potentielle d’erreurs.

L’idée d’aborder ce sujet m’est venue en consultant la banque de données des Nations Unies concernant les noms officiels des pays et entités territoriales. J’étais tombé là-dessus en fouillant pour vous parler un peu des îles Turques-et-Caïques, dans ma plus récente chronique.

En fouillant sur la dénomination de ces îles appartenant au Royaume-Uni, mon attention avait été attirée sur les erreurs que l’on commet parfois en nommant les pays ou en écrivant leur nom. Je m’étais alors dit que j’écrirais sur le sujet, notamment en ayant en tête l’exemple de la Barbade.

Les Antilles

Vous pourriez dire que ces temps-ci, j’ai la tête dans les Antilles et vous auriez bien raison. Le soleil et la chaleur commencent à me manquer. Revenons à la Barbade, donc.

J’ai souvent entendu des personnes dire qu’elles aimeraient visiter «les Barbades» ou qu’elles ont vu que leur bateau de croisière avait fait escale «aux Barbades». D’où vient donc ce pluriel soudain, qui n’a évidemment pas sa raison d’être. Il n’y a pas «des Barbades». Il n’y en a qu’une seule.

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La confusion vient peut-être des autres archipels qui portent des noms en «B» et qui constituent une forme plurielle. C’est le cas des Bahamas, mais aussi des Bermudes. Je me disais que les gens avaient peut-être tendance à faire entrer la Barbade dans le même groupe, à tort.

Une autre explication est possible. Le nom anglais – Barbados – n’est pas sans rappeler un mot au pluriel. Comme dans «Bahamas». Mais curieusement, pas comme dans «Bermuda». En effet, on dit «Bermuda» en anglais – comme s’il s’agissait d’un nom singulier – mais les «Bermudes» en français, au pluriel. La confusion est alors possible et justifiée pour la Barbade, étant donné la forme anglaise «Barbados».

En fouillant un peu pour voir s’il n’y aurait pas d’autres exemples, j’ai été fasciné par le contenu de la banque de données de l’ONU sur la terminologie des noms géographiques, les toponymes, en quelque sorte. Bien sûr il y a d’autres erreurs que l’on fait sur les noms de pays, mais ils ne sont pas vraiment orthographiques.

Un peu de géo

On doit dire: le Royaume-Uni et non l’Angleterre ou la Grande-Bretagne. On doit dire El Salvador et non tout simplement le Salvador. Et on doit maintenant dire le Soudan du Sud et non le Sud-Soudan pour désigner ce nouveau pays, détaché du Soudan en 2011.

Ce qu’il y a de plus intéressant, dans la banque de données UNTERM de l’ONU, c’est la dénomination officielle des pays. On a de la chance au Canada. Le nom de notre pays est tout simple. Il est un des rares à ne pas avoir ce qu’on appelle une «forme longue». Cela évite toute confusion. Quelques rares États sont dans cette situation: la Jamaïque, la Barbade (tiens, encore elle!), le Belize, la Hongrie, la Grenade… La liste est assez courte.

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Pourquoi? Parce que la très grande majorité des pays ont une appellation plus complexe. Bon, d’accord. Parfois, ce n’est pas très complexe, comme le Royaume de Belgique, le Commonwealth d’Australie, la République du Bénin ou le Grand-Duché de Luxembourg.

Mais certains pays ont un nom à coucher dehors. Heureusement, certains s’en rendent parfois compte et optent pour le bon sens. En janvier dernier, par exemple, le Congrès national libyen approuve un changement de nom pour le pays.

Auparavant, le pays s’appelait officiellement: «Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste». Depuis janvier, l’appellation officielle est, plus simplement, «État de Libye». Mais c’est jusqu’à l’adoption de la nouvelle Constitution, qui aura lieu cette année. Celle-ci confirmera le nom officiel qui remplacera l’incroyable Jamahiriya…

Les types d’état

Ceci dit, il restera encore des «République algérienne démocratique et populaire». Tant qu’à y être, on aurait pu étirer et ajouter des adjectifs. La «République algérienne démocratique et populaire, aride et touristiquement intéressante».

Quand un nom officiel ou une forme longue ne consiste qu’à préciser le type d’État, ça reste acceptable : la République de Bolivie, le Royaume du Cambodge, la Principauté du Liechtenstein, le Sultanat d’Oman, ça passe encore.

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Mais parfois les noms s’étirent : la République fédérale démocratique du Népal, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, la République bolivarienne du Venezuela.

Quand je vous disais qu’on a de la chance de s’en tenir, chez nous, à six petites lettres…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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