Lorsqu’il était ambassadeurs des États-Unis en Inde (1941-1963), le célèbre économiste américain John Kenneth Galbraith, né à Iona Station, en Ontario, avait déclaré: «L’Inde est une anarchie qui fonctionne».
Il faisait allusion aux immenses problèmes qui confrontaient et confrontent encore, pour une bonne part, un pays de contrastes, où s’opposent archaïsmes et signes de progrès, pauvreté et performances économiques ou scientifiques, tendances centralisatrices et séparatistes, tolérance et tensions communautaires ou religieuses, et d’extraordinaires inégalités de revenus.
Et précisément, la récente actualité vient d’illustrer ce dernier aspect de l’Union indienne – puisqu’il s’agit d’un État fédéral composé de 25 États et 7 territoires – souvent considérée comme «la plus grande démocratie au monde» avec plus d’un milliard d’habitants et des élections qui s’y tiennent régulièrement. Anarchie peut-être, mais qui se coule dans un moule démocratique apparent, malgré l’assassinat de premiers ministres, et permet de surprenantes réussites économiques.
En juillet, Mittal Steel le groupe sidérurgique dirigé par Lakshmi Mittal, un milliardaire indien basé à Londres, réussissait sa fusion avec l’européen Arcelor (offre d’achat de près de 40 milliards de dollars) et devenait le premier sidérurgiste mondial, avec une production de 116 millions de tonnes d’acier par an et un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars.
En Inde, le ministre des Finances, Palaniappan Chidambaram, se déclarait «fier» de voir un homme d’affaires né en Inde devenir «le plus grand fabricant de métal du monde». Même en reconnaissant que Mittal a dû quitter l’Inde pour réussir, «il existe une nouvelle architecture économique et les pays qui ont eu un état d’esprit différent doivent maintenant accepter que, dans cette nouvelle architecture, l’Inde soit un acteur majeur», a souligné Kamal Nath, ministre du Commerce indien.