Francisca Gagnon a récemment publié son premier ouvrage. Intitulé Les chercheurs d’aube, ce recueil de vingt-cinq nouvelles flirte avec l’onirisme. Les symboles, les métaphores et les allégories sont une fusion des sens non soumis à la logique habituelle ou à la cohérence. Le titre est peut-être extrait de cette envolée poétique: «Tant qu’il y aura des ombres, le jour s’unira à la nuit. / Pour crier des êtres d’aube et de crépuscule.»
Après la lecture de trois ou quatre nouvelles, on devine aisément que la réalité gaie/lesbienne/bisexuelle/transgenre occupe une place de choix dans ce recueil. Quelques textes décrivent une femme qui trompe son mari avec une autre femme; deux nouvelles se font écho et donnent la parole à deux âmes-frères; un texte dépeint un fils dans le corps d’une fille.
Le style de Francisca Gagnon est sublime. Dans «La statufiée», elle écrit que les talons hauts d’une femme «sont des percussions exotiques que poétise la grisaille». Elle ajoute que cette femme «veut vivre, ivre. Pour masquer sa cirrhose de l’âme. Pour vivre, ivre.»
Dans la nouvelle intitulée «Abuela». Gagnon trouve les mots les plus justes pour décrire le visage d’une grand-mère: «Sur le visage de la vieille, elle peut voir des milliers de rigoles, de rivières et de fleuves où ont serpenté des marées de rires et de larmes.»
Dans «Le pêcheur de bouquet», la nouvelliste écrit: «Je dépose le bouquet de communiante dans un bol de lait et de miel. Lentement, il ouvre ses pétales, ses jambes de femmes délirantes. De la cyprine aux arômes boisés s’écoule de son calice. Je m’y repais et bois de toutes mes lèvres. »
À plus d’une reprise, deux nouvelles se font écho. «L’inavouable» met en scène un couple qui flotte dans «un parfum de haine». La femme trompe son conjoint avec Lilith: «j’ai soulagé l’aisance de ses courbes, sa démarche chaloupée. Et la chaleur que provoquaient ses gestes dans mon bas-ventre.»