Québec: la gratuité ne sera pas à l’ordre du jour du sommet sur l’enseignement supérieur

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 06/02/2013 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 15h07 HNE, le 6 février 2013.

QUÉBEC – La gratuité scolaire ne sera pas à l’ordre du jour du Sommet sur l’enseignement supérieur, a tranché mercredi le ministre Pierre Duchesne.

Les tenants de la gratuité réunis au sein de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) pourront néanmoins faire valoir leurs arguments, a assuré le ministre de l’Enseignement supérieur en point de presse.

«S’ils veulent en parler, s’ils veulent développer et en faire la promotion, ils auront l’espace pour le faire, on n’a jamais empêché aux gens de pouvoir parler, on a multiplié les lieux de rencontres», a dit M. Duchesne avant la réunion hebdomadaire du conseil des ministres à Québec.

En outre, il a invité l’ASSÉ à présenter ses arguments sur la page Facebook conçue à cet effet.

Publicité

«S’ils veulent discuter de plusieurs sujets dont la gratuité, ils peuvent déposer des documents, des études, on a même une page Internet où la population peut déposer des mémoires et tout ça», a lancé le ministre.

L’ASSÉ est l’association étudiante la plus radicale, à l’origine des nombreuses manifestations du printemps et de l’été 2012 contre la hausse des frais universitaires et collégiaux décidée par le gouvernement libéral de Jean Charest qui a été défait aux élections de septembre dernier. Son carré rouge est devenu un symbole de la contestation étudiante.

Une question de moyens

Pour M. Duchesne, la gratuité n’est tout simplement pas envisageable dans un avenir prévisible compte tenu des moyens dont dispose le Québec.

«La proposition, ou je dirais l’approche du gouvernement là-dessus, est de dire qu’on ne peut pas se payer la gratuité d’ici le Sommet, c’est évident», a-t-t-il.

À la question d’un reporter qui lui demandait si la gratuité pouvait être envisagée à moyen terme, le ministre a répondu: «nous, je pense qu’on ne peut pas aller dans cette direction dans le cadre du Sommet».

Publicité

L’épineuse question des droits de scolarité à la rencontre des 25 et 26 février à Montréal fera l’objet d’un éventail de propositions mais la gratuité, l’ASSÉ devra s’y faire, ne figurera pas parmi elles.

«Entre la gratuité et des hausses excessives comme l’ancien gouvernement a imposées, il y a une autoroute à quatre voies. Il y a un paquet de suggestions qui peuvent être discutées: ça va du gel aux différentes formes d’indexation, aux modulations des frais de scolarité avant et après les études selon les disciplines. Il y a beaucoup de propositions sur la table», a dit le ministre.

Des doutes sur le sommet

L’ASSÉ pourrait fort bien claquer la porte mais il ne s’agit pas du seul joueur à mettre en doute la validité de la «grand-messe» sur l’éducation annoncée lors de la dernière campagne électorale en réponse au «Printemps érable».

Dans une sortie fracassante, la rectrice sortante de l’Université McGill, Heather Munroe-Blum, a qualifié l’exercice de «farce» et de «théâtre» où les débats sont «chorégraphiés à la minute près».

«J’espère que la blague est drôle», a laissé tomber M. Duchesne en guise de réplique aux propos de la rectrice.

Publicité

«Je ne commenterai pas beaucoup là-dessus parce qu’il faudrait demander à tous ceux qui ont participé à l’exercice depuis le début ce qu’ils en pensent. Les gens ont participé, tous les partenaires étaient là, le dialogue est installé et il avance», a-t-il dit.

Droit de grève?

Par ailleurs, selon l’opposition libérale, le ministre Duchesne doit clarifier dès maintenant sa position sur le droit de grève des étudiants.

Le porte-parole de l’opposition libérale dans le dossier, le député Gerry Sklavounos, tient pour acquis que le ministre Duchesne est favorable à l’idée de reconnaître formellement un droit de grève aux étudiants.

À l’heure actuelle, n’étant pas des travailleurs au sens de la loi, les étudiants n’ont pas le droit reconnu de faire la grève.

Lors de la crise étudiante, le printemps dernier, les leaders étudiants sont descendus dans la rue en parlant de «grève», tandis que le gouvernement préférait plutôt voir dans leur grogne un «boycott» des cours.

Publicité

L’automne dernier, le ministre Duchesne a ouvert la porte à une reconnaissance du droit de grève étudiant, ce qui théoriquement pourrait paralyser les universités et cégeps.

La question doit être abordée au sommet sur l’enseignement supérieur.

«Je demande au ministre s’il maintient toujours sa position de vouloir syndicaliser le mouvement étudiant», a dit M. Sklavounos, en point de presse, mercredi, en marge d’un caucus de deux jours des députés libéraux.

Le ministre doit dire publiquement où «il en est rendu dans sa réflexion» à ce propos, a-t-il ajouté.

Pour le reste, il estime que toutes les décisions semblent déjà avoir été prises en prévision du sommet sur l’enseignement supérieur. Il en conclut que le ministre a induit le public et les acteurs du monde de l’éducation en erreur en parlant du sommet comme d’un exercice de consultation.

Publicité

Il cite en exemple les coupes annoncées dans les budgets des centres de recherche et le refus annoncé du ministre de discuter d’abolition totale des frais de scolarité. «Il est parti avec une commande de faire un exercice de relations publiques, alors que les conclusions étaient déjà écrites», selon lui.

À LIRE AUSSI:
La crise étudiante a coûté plus de 40 millions $
L’ASSÉ dissout la CLASSE

ET DANS LE FORUM DE L’EXPRESS:
La CLASSE, c’est ASSÉ
Leçons de démocratie

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur