Kevin Page craint pour le poste de directeur parlementaire du budget

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Publié 22/01/2013 par Julian Beltrame (La Presse Canadienne)

à 21h51 HNE, le 21 janvier 2013.

OTTAWA – Au premier jour de son entrée en poste en tant que premier directeur parlementaire du budget, Kevin Page savait qu’il pourrait dire adieu à sa carrière de 27 ans au sein de la fonction publique.

Il croyait que s’il était pour mettre sur pied un Bureau du directeur parlementaire du budget qui soit indépendant, cela signifierait devenir une épine s’enfonçant constamment dans le flanc du gouvernement Harper fraîchement élu. Il n’y aurait ainsi pas de tapis rouge pour l’accueillir de nouveau au sein de la fonction publique une fois que son mandat de cinq ans aura pris fin, en mars.

Lors d’une récente entrevue à propos de la fin de son mandat, M. Page a d’ailleurs dit avoir appris de plusieurs personnes qu’il ne pourrait pas revenir au ministère des Finances. Pour lui, c’est ainsi le chômage qui l’attend dans deux mois.

Au cours des cinq dernières années, M. Page, âgé de 55 ans, a été plus qu’une simple distraction pour le gouvernement. Il compte désormais l’entièreté du cabinet conservateur parmi ses détracteurs; les ministres affirment qu’il a outrepassé le mandat imaginé pour lui lorsque le poste a été créé.

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Les ministres des Affaires étrangères et des Finances, John Baird et Jim Flaherty, font ainsi partie de ceux ayant déclaré, à mots couverts ou plus franchement, qu’ils estimaient que M. Page allait trop loin dans l’exercice de ses fonctions.

Les admirateurs de ce dernier — de l’ensemble du spectre politique — le félicitent cependant, sa mince équipe d’une dizaine de personnes et lui, d’avoir non seulement déclaré la vérité sur la classe dirigeante, mais d’avoir également créé le cadre pour quelque chose de nouveau à Ottawa: un processus de vérification financière autoritaire se penchant sur les dépenses gouvernementales, et ce assez rapidement pour influencer les politiques.

Avec la fin du mandat de M. Page, cependant, la question de la survie de ce cadre se pose.

«La question, pour l’avenir, est de savoir si nous aurons un jeu de chaises musicales, ou si nous aurons une falaise pour le Bureau du directeur parlementaire du budget», admet M. Page.

Selon celui-ci, il existait, avant la création de son poste, une culture du secret dans le cadre de laquelle le ministère des Finances était le seul propriétaire et distributeur de l’information sur le coût des programmes.

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Le chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair a écrit au premier ministre, pour lui demander que le mandat de M. Page soit prolongé au-delà du 25 mars, pour donner au gouvernement le temps de mener une recherche «complète, transparente et ouverte à la concurrence» pour trouver un remplaçant qualifié.

Lundi, le porte-parole libéral John McCallum a dit craindre que le gouvernement laisse le poste vacant, ou démantèle même le bureau complètement, puisqu’il n’a toujours pas annoncé le poste. La Bibliothèque du Parlement a toutefois lancé, de son côté, un appel pour trouver un candidat.

Le concept du Bureau du directeur parlementaire du budget est une création des conservateurs de Stephen Harper, alors qu’ils se trouvaient dans l’opposition, et qu’ils étaient mécontents des projections budgétaires des libéraux. Une fois au pouvoir, ils se sont assuré que le directeur parlementaire du budget dépende de la bonne volonté du gouvernement, et qu’il puisse donc être licencié à n’importe quel moment sans devoir justifier ce geste.

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