C’était donc à la grand messe annuelle de Chanceaux, dont je vous parlais récemment.
Je me préparais à la crampe de l’écrivain qui signe, tout en répondant aux questions, expliquant, racontant pour la énième fois l’histoire de mon Huron en Alsace et tentant de justifier mon titre idiot du Papillon à bicyclette. Il arrive que les gens ne me prennent pas au sérieux, auquel cas mieux vaut mieux rire ensemble.
L’intérêt de cette fête du livre en plein air est de se frotter non seulement aux vedettes mais plus encore aux acheteurs qui vous mettent sur le grill. On rencontre parfois de bien pittoresques personnes dont certaines ne manquent pas d’audace, emportant sous votre nez un bouquin pour lequel vous avez dit: «Vous pouvez regardez» et qui font semblant de comprendre «Vous pouvez l’garder». Ben voyons. Mais j’ai vu plus beau.
Une charmante jeune femme, pas vraiment jolie mais avec du charme, je dirais même du chien! Un joli nombril, coquin, à l’air. Elle me plante des yeux noirs perçants dans les miens, qui sont modestement bruns, me disant: «Je veux ces quatre bouquins-là!»
Heureux, je m’apprêtais déjà à lui dire: «Je les dédicace à qui?»