Le temps de Noël et ses traditions

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 18/12/2012 par Gabriel Racle

S’il est une fête qui conserve bien vivantes ses traditions, c’est à coup sûr celle de Noël. Depuis plusieurs années, L’Express les a présentées dans ses numéros d’avant Noël. Il serait bon de faire le point à ce sujet, pour éviter toute confusion.

Une distinction

Le 9 novembre 2011, le directeur de Service Canada au Québec avait fait circuler dans les 118 bureaux du Québec un courriel prohibant toute «décoration dans l’aire d’accueil et dans les espaces de travail accessibles à la clientèle… pour ne pas attirer de critiques et de plaintes reliées aux croyances religieuses». La ministre fédérale des Ressources humaines avait annulé cette décision le 2 décembre.

Ce cafouillage administratif était le résultat d’une méconnaissance de l’histoire de Noël et de ses traditions, et d’une confusion entre la commémoration religieuse et ses à-côtés laïcs, civils. Mais cette confusion tient au choix de la date du 25 décembre, comme fête religieuse.

Un choix délibéré

La commémoration de la naissance du Christ le 25 décembre ne repose sur aucun document historique. Les Évangiles ne disent rien à ce sujet, ni ne précisent le lieu d’une telle naissance. La tradition des crèches, la seule tradition religieuse associée à Noël en dehors des offices, date du XIIe siècle. La grotte dont il est parfois question est mentionnée dans un texte apocryphe du IIe siècle.

C’est le pape Libère qui, en 354, désigne officiellement le 25 décembre comme fête de la naissance du Christ, devenue Noël en français vers 1112, par évolution de l’ancien français nael, du latin natalis (dies), «le jour de la naissance». Auparavant, on ignorait cette célébration, même si plusieurs dates avaient été avancées pour cette naissance: l6 janvier, 28 mars, 19 avril ou 29 mai.

Publicité

Concurrence

La raison de ce choix tient aux conditions historiques qui prévalaient alors à Rome. Le christianisme, qui commence alors à se répandre, se trouve en concurrence avec les fêtes d’alors: Saturnales vouées au dieu Saturne, célébration du solstice d’hiver, culte de Mithra, divinité solaire orientale importée par les légions romaines.

Comment contrer ces célébrations qui le menacent? Par la mise en œuvre d’un subtil syncrétisme pour assimiler la naissance du Christ au retour de l’astre solaire, au Sol invictus (le soleil invaincu), en s’insérant ainsi dans des traditions préexistantes.

Traditions

Si la fête chrétienne a fini par s’implanter le 25 décembre (dans l’Église romaine), les traditions liées aux célébrations antiques de cette période de l’année n’ont pas disparu pour autant.

Elles étaient diverses, solidement implantées dans les différentes célébrations rattachées au solstice d’hiver, qualifiées de «fêtes païennes».

Ces festivités se caractérisent par l’idée de renaissance, de reprise de la vie, et s’accompagnent donc de réjouissances, de symboles, d’activités sociales qui s’harmonisent avec ce thème.

Publicité

Ce sont des traditions qui se répètent d’année en année, et se retrouvent ainsi jusqu’à nos jours, avec des adaptations historiques qui ne masquent pourtant pas leur origine. Voici quelques exemples.

Trêves

La tradition des trêves pourrait être une survivance de la paix festive qui régnait en ces jours. On en retrouve trace dans «la paix de Dieu», vers 950, proposée par l’Église romaine, prolongée par la «Trêve de Dieu», une suspension de l’activité guerrière, organisée par l’Église romaine vers l’an mille et qui a survécu officiellement jusqu’au XIIIe siècle.

Il existe en France, depuis 1875 environ, une «Trêve des confiseurs», pour marquer d’abord une trêve des combats politiques, devenue une période calme avec des confiseries abondantes. En Estonie, depuis 350 ans, existe une tradition de la trêve de Noël, que proclame maintenant le président de la République, le 24 décembre. En général, cette période est toujours une période de repos, de vacances, au moins en Occident.

Socialisation

Lors des Saturnales, les anciens Romains s’offraient des cadeaux, ces strenae qui sont devenues les «étrennes». On fabriquait et on offrait de petits présents, sans oublier les enfants: poupées en argile, objets à peindre, babioles. On se visitait entre amis et familles, et l’on donnait de somptueux festins.

Verdure

On décorait les maisons avec des plantes vertes, des guirlandes de feuillage vert, qui symbolisaient la renaissance du Soleil invaincu, marqué par le solstice, en association avec le culte de Mithra, «l’lzed (bon génie) du Soleil, et, comme tel, le dieu de la lumière… l’ennemi des ténèbres, le dieu qui fécondait la Terre, et résumait en lui toutes les forces productives de la nature».

Publicité

Conclusion

On retrouve bien de nos jours toutes ces traditions non religieuses adaptées (père Noël, bûche, sapin, couronne, lumières, cadeaux, décorations, famille, bon repas, et.), sans grands efforts d’imagination. Si la naissance du Christ était célébrée à une autre date, elle ne serait pas confondue avec les fêtes du solstice. Le choix de Libère induisait, mais il ne pouvait le prévoir, les confusions de cette association.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur