Le Messi est arrivé

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Publié 18/12/2012 par Guillaume Garcia

Les amoureux de football ont reçu leur cadeau de Noël un peu avant l’heure en cette belle année 2012. Après avoir fait tomber de nombreux records sur la saison 2011-2012, Lionel Messi vient de battre un des records les plus symboliques du football, celui du plus grand nombre de buts sur une année (club et sélection nationale).

L’allemand Gerd Müller avait marqué 85 buts en 1972. Messi a patiemment attendu la presque fin du monde pour détrôner «Der Bomber» avec 90 buts marqués sur une année civile (Il peut améliorer sa marque le 22 décembre prochain lors d’une dernier match). On peut mourir tranquille.

La question de savoir qui est le plus grand joueur de football de tous les temps ne mérite pas de réponse, tant les avis divergent. L’objectif n’est pas de prendre parti. Reste que Lionel Messi, du haut de son mètre 69, vient de surpasser le géant Gerd Müller et son record que personne ne pensait voir battu, jamais.

Conflit de générations

Les disputes revenaient inlassablement entre les pères et les fils fanatiques de ballon rond. «C’était mieux avant», «les attaquants marquaient plus de buts»… Avec toujours les mêmes réponses du jeune: «oui, mais les défenseurs étaient nuls», «c’était plus facile»…

Messi a mis tout le monde d’accord, même s’il y aura toujours des détracteurs.

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Pourtant, l’histoire a failli basculer dans la soirée du mercredi 5 décembre, alors que Barcelone accueillait Benfica pour le dernier match de poules de qualification de la Ligue des champions. Déjà qualifié, Barcelone laisse Messi sur le banc.

Finalement, Messi fait son entrée et tout le monde s’attend déjà de voir l’idole battre le record quand il s’écroule suite à un choc avec le gardien adverse.

Il sort sur civière et le monde du football retient son souffle.

Une volonté supérieure aurait-elle voulu que personne ne batte le record de Müller?

Plus de peur que de mal, Messi est aligné le dimanche suivant dans le match de championnat d’Espagne qui oppose le FC Barcelone au Betis Séville. Et dans cette opposition assez fermée, le matador frappe par deux fois et plante deux banderilles dans les filets adverses.

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La spéciale Messi

Le but qui égale le record se pare de symbolisme, Messi marque sur une action qui devrait porter son nom, la spéciale Messi, j’accélère côté droit, je repique vers le centre, je repique encore, j’évite la forêt de jambes et je glisse une frappe croisée du gauche. Petit filet opposé. Imparable.

Le second but suivra une action d’école barcelonaise, avec Messi qui part plein centre, décale Iniesta, qui lui remet d’une talonnade. Messi frappe fort au deuxième poteau. But. Messi entre définitivement dans l’histoire de son sport.

Il a encore récidivé dimanche dernier lors du duel entre Barcelone et l’Atlético Madrid, actuellement deuxième de la Liga. Sur sa première occasion franche, il arme un tir à ras de terre hors de portée du gardien, avant à la toute fin de match, d’intercepter une passe entre deux défenseurs pour aller battre le portier d’une pichenette exquise. 90 buts. Le compte est bon.

Chaque génération de footeux espère être témoin de l’éclosion d’un génie. Par le passé, les Pelé, Cruyff, Maradona, Platini, Van Basten, Beckenbauer, ont marqué les «anciens». Ma génération en aura connu plusieurs: Zidane, Ronaldo et Messi.

Le prodige argentin devrait rafler en janvier son quatrième ballon d’or consécutif; il deviendrait alors le seul joueur à avoir reçu cette distinction quatre fois.

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Un traitement pour grandir

Messi c’est aussi un pied de nez au cliché. Victime de retard de croissance, il doit suivre un traitement que lui paie le club de Barcelone (il est alors jeune ado) et qui le fait grandir jusque 1m69.

Le sport tend à être l’apanage des grands hommes forts. Surtout les sports collectifs. Le basket, le volley, le football américain regorgent de joueurs plus grands et musclés les uns que les autres.

Mais le football (le vrai, celui qu’on joue avec les pieds et inventé par les Anglais) est différent. Les petits y ont leur place. Leur vitesse, leur capacité à changer de direction en font des accélérateurs de jeu. Partout dans le monde, des enfants s’identifient à ces petits joueurs qui entretiennent l’espoir.

Ce n’est pas pour rien que l’idole de Messi s’appelle Pablo Aimar et qu’il mesure 1m70. Dribbleur précis, Pablo Aimar est aussi argentin et s’il n’a pas connu la carrière que Lionel Messi embrasse actuellement, ses gestes fous et son travail dans les petits espaces auront marqué les férus de football.

Dans l’équipe de Barcelone, plusieurs joueurs ne dépassent pas le mètre 70 et sont considérés comme les tous meilleurs à leurs postes respectifs. Techniques, rapides, ils font exploser les défenses les plus aguerries. Aucun des joueurs suivants ne dépasse 1.70m. Xavi, Iniesta, Pedro, Messi et Alba. Mais mettez ces cinq gars dans n’importe quelle équipe et ils vous démembreront la défense en moins de deux grâce à leur tikitaka, ce jeu fait de passes redoublées en une touche de balle.

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Un plaisir à regarder jouer

Maître de l’attaque du Barca, Messi paraît parfois un peu personnel, mais le constat est là : 90 buts en une année. Il ne rate pas beaucoup! Pour s’en convaincre, il suffit de regarder son premier but face à l’Atletico Madrid. La passe qu’il reçoit n’est pas parfaite, il recule, contrôle, remet le ballon à terre, accélère ajuste le gardien avec une facilité insolente. Messi fait rêver et au-delà des records, il reste le joueur; celui qu’on prend plaisir à regarder. Chaque touche de balle peut devenir géniale. Chaque crochet est létal pour l’adversaire.

Si le foot devait être un joueur, il serait Messi. Virevoltant, agile, dribbleur. Il serait également Pelé, Maradona, Cruyff, Zidane et tous les autres. Messi a rejoint cette liste de noms, ceux qu’ont citent de génération en génération autour d’une bière, en famille, dans tous les pays du monde.

Aujourd’hui, Messi est le nouveau Dieu du foot. Mais on parle bien ici d’une religion polythéiste!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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