L’enseignement du français langue seconde: un succès qui engendre des besoins criants

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Publié 24/10/2006 par Yann Buxeda

En préambule de sa conférence Célébrons/Let’s celebrate 2006, l’organisation Canadian parents for French (CPF) a publié son rapport annuel sur l’état de l’enseignement du français langue seconde (FLS) au Canada. Un bilan qui pointe du doigt les nombreux problèmes auxquels est encore confronté le système.

Recruter des enseignants qualifiés, élaborer des programmes pertinents pour attirer les jeunes, maintenir des programmes d’immersion au secondaire, et recruter des élèves en immersion parmi les autochtones et les néo-Canadiens. La liste de besoins prioritaires pour les écoles proposant un enseignement en Français langue seconde est longue, selon Canadian parents for French (CPF). Difficile pourtant de ne pas juger ces recommendations comme essentielles.

Basé sur une étude pan-canadienne réalisée cette année, CPF appuie ses constats à l’aide d’une documentation statistique particulièrement fournie et met notamment en exergue les problèmes de fréquentation des écoles, comme le souligne son directeur général James Shea: «Il faut encourager les jeunes à rester sur des cycles d’études en français. Le gouvernement fédéral nous a lancé le défi de doubler le nombre d’inscrits, mais nous n’avons pas les moyens d’assurer une promotion suffisante du français. Il faut que la population comprenne qu’il n’est pas question de voir le français comme une langue élitiste.»

CPF considère notamment qu’un travail énorme doit être fait pour séduire les jeunes autochtones et les néo-Canadiens.

Autre point qui suscite l’attention de CPF, l’attitude des gouvernements en terme d’amélioration du contenu des cours. L’organisme recommande fortement la tenue de consultations annuelles entre le gouvernement du Canada, le Conseil des ministres de l’Éducation, les ministères provinciaux, les partenaires associatifs et les parents portant sur les programmes de FLS.

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Selon James Shea, le système actuel est anti-productif: «L’éducation est un domaine géré par le pouvoir provincial, alors que les langues officielles sont l’affaire du fédéral. Forcément, cela ne favorise pas les communications entre les deux partis, et les véritables acteurs du milieu sont carrément écartés du débat. Il faut remédier à cela.» Une consultation qu’il veut voir se pencher sur de nombreux problèmes, notamment celui de la mise en place de normes pour l’accréditation des enseignants.

Mais parallèlement, le rapport déplore le fait que le secteur connaisse à l’heure actuelle une importante pénurie de main d’oeuvre.

Une situation complexe puisque si l‘on élève le niveau nécessaire aux professeurs pour exercer dans une école de FLS, les effectifs s’en trouveront obligatoirement réduits.

Pas nécessairement, selon James Shea, qui voit dans cette mesure une occasion, au contraire, de pousser les jeunes étudiants francophones vers l’enseignement: «Si nous établissons des normes strictes, il faudra former spécifiquement les professeurs à ces normes. Cela deviendra donc un cursus scolaire classique, et il ne tiendra qu’à nous de prouver aux étudiants en français que l’éducation est un bon choix.»

Mais le souci de la qualité de l’enseignement n’est pas le seul aspect gouvernemental qui inquiète l’association. Selon le rapport publié, «le gouvernement canadien doit mesurer les progrès réalisés en terme de proportion des diplômés du secondaire ayant une connaissance pratique de leur langue seconde avant l’échéance du recensement de 2016».

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CPF préconise la tenue d’un sondage spécial auprès d’un échantillon de Canadiens dès 2013, et soutient qu’une telle initiative ne coûterait pas plus de 50 000 $ au contribuable.

En ce qui concerne la situation plus ciblée de l’Ontario, le rapport soutient que le problème majeur est celui des transports. Une revendication que l’on retrouve aussi au sein des dossiers des conseils scolaires francophones, et qui peine à trouver oreille attentive du côté de Queen’s Park.

Ce rapport 2006 met donc en avant une somme importante de modification à apporter au système en place, et devrait, en plus d’être déposé auprès du gouvernement du Canada, faire l’objet d’une diffusion dans les écoles du pays.

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