France: les présidentielles dans six mois

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Publié 24/10/2006 par Christine Ollivier (The Associated Press)

(PARIS) – Royal aimerait bien y aller, mais encore faut-il se débarrasser de Fabius et Strauss-Kahn. Sarkozy ira de toute façon, mais Villepin en rêve aussi et Alliot-Marie se tâte quand Chirac se cache. Buffet hésite à contrarier les altermondialistes, Bayrou n’en finit pas de retarder son entrée en campagne et Chevènement se fait désirer: à six mois de l’élection la plus importante de la vie politique française, le paysage a de quoi égarer l’électeur le plus attentif.

En octobre 2001, tout était pourtant déjà plié: le président sortant Jacques Chirac à droite et le Premier ministre Lionel Jospin à gauche seraient les deux concurrents du second tour et Jean-Pierre Chevènement jouerait le rôle de troisième homme.

Les Français en ont décidé autrement: ce serait finalement Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen au second tour, et Lionel Jospin en troisième homme. Quant à Jean-Pierre Chevènement, il a péniblement recueilli 5,33 pour cent, se muant du même coup en… sixième homme.

Cinq ans plus tard, le scrutin paraît nettement plus ouvert. Si la candidate socialiste Ségolène Royal fait figure à gauche de favorite, elle n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise, ses concurrents Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn comptant bien vendre chèrement leur peau.

Verdict des militants socialistes: le 16 novembre pour le premier tour et le 23 novembre si un second tour est nécessaire. Après, la discipline socialiste devrait resserrer les rangs derrière le ou la candidat(e).

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À l’UMP, Nicolas Sarkozy est sans rival. Ou plutôt était. Apparemment victime du syndrome de Matignon, le premier ministre Dominique de Villepin n’exclut rien et semble envisager de rejouer la partition d’Édouard Balladur en 1995.

Mais là où «l’ami de trente ans» de Jacques Chirac pouvait s’appuyer sur une popularité réelle pour défier le candidat naturel du RPR, Dominique de Villepin n’a pour l’heure ni la légitimité de Nicolas Sarkozy ni sa popularité.

Le chef du gouvernement reste donc en embuscade en attendant une éventuelle embellie d’ici le mois de janvier, et distille l’idée qu’une candidature hors de l’UMP ne serait pas forcément une trahison des militants, au nom de la traditionnelle vision gaullienne de la présidentielle.

D’ailleurs, la très chiraquienne Michèle Alliot-Marie est aussi «prête» à y aller, même si les sondages la démentent pour l’heure nettement quand elle affirme qu’elle est la mieux placée pour affronter la possible candidate socialiste Ségolène Royal. Il est, là aussi, urgent d’attendre.

L’UMP risque donc d’être le théâtre début 2007 d’une nette montée des tensions, le congrès du parti devant désigner le 14 janvier le candidat qu’il soutiendra officiellement.

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À charge pour Nicolas Sarkozy de décourager d’ici là ses concurrents, comme il était parvenu à le faire lors du bras-de-fer autour de la prise de contrôle de l’UMP, fin 2004.

Restera ensuite à franchir l’obstacle Chirac. Le président sortant n’exclut rien officiellement, mais ne se prononcera qu’après la désignation du candidat UMP. Dans l’hypothèse où il serait candidat, il risque d’avoir du mal à convaincre Nicolas Sarkozy de renoncer à une présidentielle à laquelle il pense depuis des années tous les matins en se rasant.

Les divisions à droite font en tout cas saliver le président du Front national Jean-Marie le Pen. Assis sur un confortable matelas d’intentions de vote, il rêve de rééditer l’exploit de 2002, mais à l’envers. Inquiet d’un possible vote utile dès le premier tour des électeurs de gauche – traumatisés par le 21 avril 2002 – il compte cette fois sur les divisions de la droite et sur un climat délétère pour se porter une nouvelle fois au second tour. Et il n’attend pas le mois de janvier: il est déjà en campagne depuis des mois et à la recherche des 500 parrainages qui lui sont nécessaires pour se présenter.

Comme lui, d’autres sillonnent déjà le pays pour convaincre les Français: à gauche, Dominique Voynet (Verts), Arlette Laguiller (LO) et Olivier Besancenot (LCR) sont en campagne, tout comme Philippe de Villiers (MPF), Corinne Lepage (Cap21) et Frédéric Nihous (CPNT) à droite. Ils ont encore du mal à se faire entendre, mais espèrent tous être – qui sait? – LA surprise du premier tour.

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