80e anniversaire de la Grande Depression

Chômeurs en file pour un café et un beigne pendant la crise économique des années 1930. On ne pense tout de même pas que l'intelligence artificielle rééditera ce scénario.
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Publié 27/10/2009 par Paul-François Sylvestre

Le krach boursier du 29 octobre 1929 marque le début de la Grande Dépression. La décennie précédente avait été baptisée «The Roaring Twenties» (les années effervescentes).

Vers la fin des années 1920, de plus en plus de gens commencèrent à acheter des valeurs boursières parce que les placements annonçaient des gains. Ils se mirent à emprunter pour acheter d’autres valeurs et utilisèrent celles-ci en collatéral pour en acheter d’autres encore. Les prêts boursiers grimpèrent de 500 millions $ en 1928 à 850 millions $ en septembre 1929. Krach à l’horizon!

Le marché boursier devint très instable, parce que basé sur de l’argent emprunté et un optimisme maladroit. Cette instabilité prit un tournant dramatique le jeudi 24 octobre 1929 (jeudi noir) lorsque des millions de gens commencèrent à retirer leur argent de peur de tout perdre.

Le lundi suivant le marché boursier descendit encore et le mardi 29 octobre (mardi noir) on assista à un record de 16 410 030 actions vendues en une seule journée. Des milliers de personnes perdirent d’énormes sommes d’argent et ce fut le début de la fin.

Les grands perdants furent les petits investisseurs, qui avaient trop misé sur une prospérité factice et sur des valeurs boursières gonflées. Les effets furent terribles: de 1929 à 1933, la production descendit de 45%, le nombre des employés dans l’industrie manufacturière baissa de 24% et les salaires chutèrent de 40%.

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Chômage et misère

Ces années noires furent marquées par le chômage et la misère. On parla même de suicide collectif, certaines personnes se jetant du haut des édifices. Cette période dura presque une décennie. Elle se fit ressentir partout à travers le monde.

Le Canada n’y échappa pas. À fin de l’année 1929, le taux des sans-emploi est d’environ 15%. En 1931, les chômeurs forment presque 20% de la population. C’est le sommet de la crise et l’assurance-chômage n’existe pas à cette époque-là. Elle n’entrera en vigueur qu’en 1941.

Les organismes de charité essayent d’aider les familles chassées de leur logement parce qu’elles ne peuvent plus payer leur loyer. Les soupes populaires distribuent un bol de soupe et un morceau de pain aux plus démunis.

On organise des travaux publics où le salaire moyen est de 35 cents de l’heure. Dès qu’un emploi est annoncé, des centaines de chômeurs forment de longues queues dans la rue. À l’entrée des chantiers, les sans-emploi attendent avec l’espoir que quelqu’un se fasse renvoyer et qu’ainsi une place se libère.

Selon certains historiens, il n’était pas rare de voir des travailleurs payer une «dîme» à leur supérieur pour conserver leur emploi. Aux usines Angus, des travailleurs offrirent même leurs femmes au contremaître pour ne pas être congédiés.

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Pour plusieurs dirigeants civils et religieux, le retour à la terre semble encore le meilleur remède à la crise. Un vaste mouvement de colonisation s’organise; on fonde de nouvelles paroisses en Abitibi, au Saguenay, au Témiscouata, dans la Matapédia et en Gaspésie. Mais trop souvent, on s’acharne à «cultiver» des champs de cailloux.

Blé et papier

Une mère de Montréal écrit au Premier ministre R. B. Bennett le 24 juillet 1934: «C’est une mère qui vous écrit dont le fils traîne quelque part en Ontario pour essayer de se trouver un travail. Qu’allez-vous faire pour ces milliers de jeunes hommes? Il y a beaucoup de choses à faire si vous pouviez seulement les mettre au travail. Vous n’avez jamais eu à dormir dans la neige ou dans la pluie et à passer des jours sans nourriture. Pensez à tous ces garçons affamés à votre prochain banquet. Vous n’avez pas d’enfant: vous ne pouvez pas savoir comment les parents souffrent de voir leurs garçons sans travail.» – Lettre signée «Une mère inquiète».

Dix ans après la Dépression, en 1940, la Commission Rowell-Sirois sur les causes de la crise économique au Canada conclura que nous avons surtout souffert à cause d’une baisse considérable dans nos deux plus grandes exportations: le blé et le papier journal.

Ces marchés sont devenus presque inactifs. Or, le Canada fournissait alors 40% des exportations de blé et 65% des exportations de papier journal à l’échelle mondiale. La diminution des recettes de ces exportations eut des conséquences fâcheuses sur l’ensemble de la population.

Il faudra le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale pour ramener la prospérité en Amérique du Nord.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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