François Bergeron signe une entrevue avec Donald Ipperciel, principal du Collège universitaire Glendon, où l’administrateur en chef de l’institution soulignait que les francophones du Centre-Sud-Ouest n’ont pas besoin d’une nouvelle université franco-ontarienne, car Glendon répondait déjà à leurs besoins. Étant moi-même étudiant à ce campus, je crois qu’il est essentiel d’apporter quelques corrections aux propos du principal, qui peint un portrait linguistique beaucoup plus rose que ce que nous vivons réellement sur le terrain.
Si je salue les bonnes intentions de M. Ipperciel, qui dit vouloir augmenter l’offre de cours et de programmes en français à Glendon, il faut cependant noter que les bonnes intentions ne suffisent pas à elles seules à contrer l’assimilation qui a lieu sur ce campus universitaire dit «bilingue».
Depuis un demi-siècle, Glendon a eu pleinement le temps de se réformer pour mieux répondre aux besoins des francophones, mais en vain. Chaque quelques années, on nous fait des promesses comme quoi le campus fera mieux, mais il faut se rendre à une évidence: les problèmes d’assimilation des étudiants francophones, de vie étudiante unilingue anglaise, de cours en français annulés, de corps professoraux majoritairement anglophones, d’absence de gouvernance par et pour les francophones sont des problèmes structuraux auxquels les universités bilingues sont incapables de répondre et dont nous ne ferions pas face si nous avions NOTRE université de langue française.
Si M. Ipperciel tient tant à vanter les mérites de Glendon, je lui rappellerai certaines choses. Même si nos jeunes sont souvent «des bilingues et des biculturels» comme il le dit, il faut se rappeler qu’ils ont fréquenté des institutions francophones de la maternelle à la 12e année. Il est donc de toute importance que le système universitaire soit francophone si l’on veut renverser les tendances de l’assimilation dans le Centre-Sud-Ouest.
Le vrai bilinguisme, comme le sait tout francophone, ce n’est pas le bilinguisme institutionnel qui se résume essentiellement à de l’anglais et du français mal traduit, ou encore, au «français de Glendon» qui constitue un bilinguisme de surface où l’on ajoute un «Bonjour» et un «Merci» et quelques mots en français ici et là, question de dire qu’on s’essaye, tout en évitant de faire peur aux anglophones.