Louise Brown, premier bébé conçu par fécondation in vitro (FIV), a célébré son 30e anniversaire le 25 juillet dernier. Depuis cette première mondiale réalisée par les docteurs anglais Patrick Steptoe et Robert Edwards, cette technique de procréation assistée a connu un développement rapide, à un point tel que cette technique est devenue presque banale. Toutefois, son taux de succès est très variable (entre 7 % et 43 % selon l’Observatoire de la génétique en 2003) et les techniques ne sont pas sans risque pour la santé de la femme et de l’enfant à naître.
D’abord, la technique FIV implique, dans 80 % des cas, une stimulation ovarienne à l’aide de médicaments afin d’accroître le nombre d’ovules à féconder. Mais comme le souligne Nathalie Parent, coordonnatrice à la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), la stimulation ovarienne peut occasionner des problèmes de santé importants pour la femme, incluant des embolies pulmonaires, des accidents vasculaires cérébraux et peut parfois conduire au syndrome d’hyperstimulation ovarienne qui dans sa forme la plus sévère nécessite une hospitalisation.
Afin d’augmenter les chances d’une grossesse, on procède au transfert de plus d’un embryon à la fois dans l’utérus de la femme. Selon une étude réalisée en 2003 par la Canadian Fertility and Andrology Society, on transfert deux embryons à la fois dans 50 % des cas et trois à la fois dans 27 % des cas (dans seulement 10 % des cas, on procède au transfert d’un seul embryon). Or, cette pratique augmente également le taux de grossesses multiples de 14 % à 50 % (alors que ce taux n’est que de 2 % pour l’ensemble de la population).
Et les grossesses multiples… multiplient les risques de naissances prématurées. Selon le Dr François Bissonnette de la clinique OVO à Montréal, de façon générale, les gens sous-estiment les risques liés aux grossesses multiples. «Le désir d’avoir un enfant est si grand que, non seulement le scénario d’une grossesse multiple n’effraie pas les futurs parents, mais parfois même, il soulève leur enthousiasme», dit-il. Pourtant, les faits sont sans équivoque: les traitements d’infertilité seraient à l’origine de 30 à 50 % des naissances de jumeaux, et de près de 80 % des naissances de triplets, quadruplés et quintuplés. Parmi ces bébés prématurés, plusieurs souffriront de déficience mentale ou de paralysie cérébrale.
Malgré tout, il n’est pas rare de rencontrer des couples qui demandent le transfert de plusieurs embryons afin d’augmenter leur chance de grossesse. Un document de la Fédération du Québec pour le planning des naissances avançait qu’il n’y a pas si longtemps, ce nombre pouvait atteindre cinq, six voire neuf embryons à la fois. Aussi, plusieurs intervenants déplorent l’absence de débat éthique entourant ces technologies.