Le versement de 10,5 millions $ à Omar Khadr, en compensation pour l’indifférence ou la complicité du gouvernement canadien pendant ses huit années de détention à la prison américaine de Guantanamo, suivies de cinq autres années de prison en sol américain et finalement au Canada, indispose une majorité de Canadiens.
L’opposition conservatrice est apoplectique, le nouveau chef Andrew Scheer accusant le gouvernement libéral d’avoir capitulé devant «un terroriste avoué». Selon un récent sondage, les électeurs conservateurs sont effectivement les plus scandalisés, mais on trouverait aussi des majorités de mécontents chez les Libéraux et chez les Néo-Démocrates.
Né à Toronto d’un père égyptien et d’une mère palestinienne qui se sont finalement installés au Pakistan – chez Oussama ben Laden! – Omar Khadr et ses trois frères seraient passés par les camps d’entraînement d’al-Qaida en Afghanistan. Il a aussi une soeur aînée, tout aussi détestable, qui serait détenue en Turquie depuis le début de l’année.
Omar Khadr était cependant âgé de 15 ans seulement, le 27 juillet 2002, quand il a été trouvé seul survivant (blessé) d’une bataille entre les talibans et une unité américaine au cours de laquelle il aurait lancé la grenade qui a tué le militaire Christopher Speer.
Trois mois plus tard, le jeune Khadr était transféré de la prison de Bagram, la base américaine à Kaboul, à celle de Guantanamo, à Cuba, en tant que «combattant ennemi», une désignation inventée par Washington pour échapper aux conventions internationales et à la justice américaine.
Stephen Harper, qui a été premier ministre du Canada de 2006 à 2015, n’a jamais caché son hostilité envers toute la famille Khadr, canadienne sur papier seulement, et son indifférence face au sort d’Omar aux mains des Américains. Mais en 2002 et 2003, c’est Jean Chrétien qui était au pouvoir, suivi de Paul Martin de 2003 à 2006; ces premiers ministres libéraux ne lui ont pas manifesté plus de sollicitude.