WikiLeaks est là pour rester

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Publié 14/12/2010 par François Bergeron

Les documents coulés par WikiLeaks sont-ils d’intérêt public?

Des collaborateurs irakiens et afghans des forces d’occupation occidentales ont-ils été tués suite à la révélation de secrets militaires? La diffusion de correspondances diplomatiques a-t-elle envenimé les relations internationales? Des gens sérieux ont-ils appelé à l’élimination du patron de WikiLeaks, Julian Assange? Va-t-on réussir à bannir ce site de l’internet en s’attaquant à ses hébergeurs ou son financement? Les deux femmes qui portent contre Assange des accusations d’agressions sexuelles en Suède sont-elles «encouragées» par les puissances que ses activités dérangent?

Comme synopsis de roman ou de film, on a vu mieux. Mais comme tout cela est bien réel, chacune de ces questions mérite une réponse.

Pour la plupart des journalistes et des blogueurs, la fin justifie les moyens: des «moyens» comme le recel de données piratées, quand la «fin» c’est la diffusion d’information d’intérêt public qu’on tentait de cacher.

Si nos gouvernements étaient complètement transparents, les journalistes auraient moins besoin d’enquêter sur leurs activités. Et si les vrais journalistes des vrais médias faisaient un meilleur travail, ils seraient moins souvent «scoopés» par les blogueurs. Ces derniers ne sont pas tous des amateurs: de plus en plus d’experts ou de fins analystes ne travaillent qu’à partir du web.

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Bien sûr, nos gouvernements doivent prendre les moyens de protéger leurs données, face à des technologies d’espionnage électronique de plus en plus sophistiquées. Mais depuis le Watergate, aucun jury ne condamnera l’usage de sources «non-traditionnelles» exposant des scandales de gaspillage de fonds publics ou de corruption, voire, plus généralement, des mensonges particulièrement grossiers aux plus hauts niveaux de l’État ou d’institutions internationales.

Or, nos gouvernements nous mentent souvent:

– Plusieurs «erreurs de communication» lors du G20 en juin, ont nécessité des mises au point embarrassantes de la part du chef de la police et de Queen’s Park.

– Le gouvernement grec a dissimulé à l’Union européenne l’ampleur de son déficit. Athènes était conseillé par les mêmes firmes de Wall Street qui revendaient sciemment de mauvaises dettes immobilières, frauduleusement certifiées AAA par les grandes agences de crédit. À quand une virée de WikiLeaks dans les ordis de nos ministères des Finances?

– Les courriels des climatologues de l’ONU (obtenus et diffusés par deux Canadiens, Stephen McIntyre et Ross McKitrick) ont démontré leur manque de rigueur et discrédité les thèses les plus alarmistes sur les changements climatiques.

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– Wikileaks s’est surtout intéressé cet été aux pertes civiles en Irak (plus élevées que les statistiques officielles) et à l’évaluation de nos dirigeants de la situation en Afghanistan (plus pessimiste en privé qu’en public). Sa nouvelle fournée de correspondances diplomatiques s’élève rarement au-dessus du potinage de cocktails, mais on y expose souvent des sentiments réels, édifiants.

La curiosité sera toujours à la mode et les technologies pour la satisfaire ne vont pas disparaître. Tant mieux.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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