Stephen Harper a soulevé l’ire des leaders autochtones, l’indignation de ses adversaires politiques et le mépris d’une bonne partie de l’intelligentsia canadienne en déclarant la semaine dernière que le meurtre d’une jeune fille de Winnipeg, Tina Fontaine, était un «crime» qu’on devrait laisser à la police, pas un «phénomène sociologique» nécessitant une enquête publique.
Depuis au moins deux ans, des voix s’élèvent pour qu’on fasse toute la lumière sur les assassinats et disparitions de plus d’un millier de femmes autochtones au pays au cours des dix ou vingt dernières années, même si 90% des meurtres ont été élucidés par la police et les coupables (souvent un proche) condamnés.
C’est que les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles que les femmes non autochtones à se déclarer victimes de violence, selon un rapport de Statistique Canada datant déjà de 2009. Elles sont aussi surreprésentées parmi les victimes d’homicides. C’est d’ailleurs aussi le cas des hommes autochtones…
Les propos du premier ministre sont simplistes: tous les crimes, comme toutes les interactions entre les individus en société, participent à des «phénomènes sociologiques».
Mais une fois qu’on a dit ça, on n’est guère plus avancé. Les problèmes économiques et sociaux des Autochtones – femmes et hommes – sont déjà connus et documentés. Stephen Harper a raison de croire qu’une «commission royale d’enquête», un exercice long et coûteux, ne nous apprendrait pas grand-chose.