Le Québec était coupé en deux: Libéraux fédéralistes contre Péquistes souverainistes. Il est maintenant divisé en trois: les autonomistes de l’Action démocratique de Mario Dumont, chef de l’opposition officielle depuis le 26 mars, commandent désormais le centre de l’échiquier politique.
Mais cette nouvelle division procéderait d’un effort de réconciliation des Québécois sur la fameuse « question nationale ».
Lors des référendums de 1980 et de 1995, le Parti Québécois n’a pas réussi à convaincre une majorité de citoyens que la province pouvait ou devait devenir un pays indépendant, distinct du Canada, avec sa monnaie, son armée, son passeport et son siège à l’ONU. Et pour cause: le PQ faisait campagne sur la future association avec le reste du Canada plutôt que sur les avantages de l’indépendance et les modalités de la séparation.
De plus, le PQ social-démocrate semblait s’inspirer davantage du modèle albanais, cher aux technocrates dirigistes, que du modèle suisse qui aurait pu séduire les travailleurs, professionnels et entrepreneurs dont on aura toujours besoin pour bâtir un pays moderne. Bien sûr, tout cela a bien changé depuis Lucien Bouchard, vainqueur du déficit et aujourd’hui co-rédacteur de l’excellent Manifeste pour un Québec lucide, mais il se trouve déjà des Péquistes pour réclamer un virage à gauche afin de récupérer les 8% d’électeurs qui ont voté pour les utopistes du Parti Vert ou pour les communistes de Québec solidaire.
Le Parti Libéral, lui, n’a jamais réussi à vendre le Canada tel qu’il est aux Québécois, ni à convaincre ses interlocuteurs du Canada anglais de moderniser nos institutions pour le rendre vendable. Un siège à l’UNESCO et une meilleure part de la péréquation, c’est bien, mais le remplacement de la monarchie et la promotion du bilinguisme d’un océan à l’autre, ce serait beaucoup mieux.