Voter contre l’austérité? Si c’était si simple!

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Publié 09/05/2012 par François Bergeron

En désavouant les deux grands partis traditionnels et en accordant une solide seconde place à la gauche radicale, avec une montée de l’extrême-droite en prime, les Grecs auraient voté dimanche «contre l’austérité». Les plans de sauvetage économique de la Grèce, voire son avenir dans la zone euro, s’en trouveraient menacés.

En réalité, il s’agit de sauver les banques (françaises, allemandes et autres) qui ont prêté à la Grèce. L’État grec lui-même pourrait probablement déclarer faillite, effacer sa dette et recommencer à zéro – avec ou sans l’euro – en ne comptant à l’avenir que sur ses revenus de taxes et d’impôts, sachant qu’il ne pourrait plus emprunter sur les marchés internationaux.

Il serait étonnant que les gouvernements précédents n’aient pas déjà calculé les avantages et les désavantages d’une telle décision, mais, comme ils n’ont pas agi en ce sens, c’est sans doute qu’ils ne sont pas heureux des résultats de ces calculs.

Cette option – le bouton «reset» – est moins intéressante pour la plupart des autres gouvernements qui croulent sous les dettes, parce que celles-ci sont en grande partie détenues par des institutions nationales: ce sont leurs propres banques et fonds de pension qu’ils cesseraient de rembourser.

Les analyses de la victoire, en France ce même 6 mai, du socialiste François Hollande contre le président Nicolas Sarkozy, mentionnent aussi cette impopularité de ce qui passe en Europe pour «l’austérité» (en réalité: la discipline budgétaire), puisque Hollande veut renégocier le pacte budgétaire européen pour y ajouter un volet «croissance».

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Cela ne signifie pas autre chose, ici, que de nouvelles dépenses publiques, car, à gauche, on croit que les réductions de dépenses publiques entraînent automatiquement de la misère (imposée par une droite cruelle), et qu’il suffit donc de rouvrir les robinets pour renouer avec la prospérité. Hollande a aussi promis l’équilibre budgétaire, grâce à de nouveaux impôts et aux apports de la future «croissance»: on verra bien.

Que la France ait réellement «viré à gauche» sera confirmé ou infirmé en juin, lors des élections législatives, qui donneront les coudées franches aux socialistes ou, au contraire, forceront pendant cinq ans une nouvelle cohabitation entre un président socialiste et un premier ministre issu d’une majorité parlementaire de droite.

Sur 37 millions de votes exprimés (une participation de 80%), la marge entre Hollande et Sarkozy n’était que d’un million de voix. Il y a eu deux millions de votes «blancs» (annulés). Sachant que de nombreux électeurs, pas forcément pâmés pour Hollande, étaient de plus en plus rebutés par la personnalité et les tics de Sarkozy, la situation politique pourrait évoluer d’ici aux législatives.

Il reste que les Français ont voté pour un président «normal», ce que sera certainement François Hollande. L’alternance politique est toujours salutaire, en France comme ailleurs, ne serait-ce que pour injecter une dose de réalisme et de modestie aux opposants de longue date qui se retrouvent tout à coup au pouvoir.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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