Vers un bouleversement du système d’éducation de langue française?

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Publié 07/02/2006 par Marta Dolecki

Le Livre blanc rendu public la semaine dernière par l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) a fait l’effet d’un pavé dans la mare en venant relancer de véhémentes discussions sur l’avenir des écoles de langue française en Ontario.

L’une des propositions avancées par le document de 24 pages préconise une collaboration accrue entre conseils scolaires publics et catholiques. Cette dernière pourrait s’effectuer tant au niveau des ressources financières que sur le plan des infrastructures et de la formation des enseignants.

Sur cette question épineuse, les avis sont aussi divergents qu’il existe de parties engagées dans la discussion. Le directeur de l’éducation du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS), Bernard Lavallée, reste ferme sur ses positions.

Il affirme demeurer ouvert à un partage accru de ressources entre conseils publics et catholiques «dans les domaines où c’est nécessaire», mais plaide en faveur du maintien du système actuel, qui selon lui, fonctionne très bien.

«Dans la province de l’Ontario, on a un droit constitutionnel de posséder deux systèmes d’enseignement – catholique et public – et les parents ont le droit de choisir entre ces deux options», fait valoir M. Lavallée.

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Dans ce même débat, le virage à 180 degrés provient du côté public. Certains acteurs préconisent l’instauration d’un système d’éducation de langue française, à voie unique, laïque, de surcroît.

Des cours de religion y seraient certes dispensés. Cependant, à l’instar de provinces comme le Québec, l’enseignement basé sur la trilogie «foi, langue et culture» n’aurait plus le monopole au sein du système d’enseignement.

Dans le paysage éducatif de l’Ontario où les écoles catholiques se justifient d’une longue tradition, cette prise de position défendue par le président de l’Association des conseillères et des conseillers des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) fait figure de véritable révolution.

«Comme c’est le cas des autres provinces, l’éducation deviendrait un sys-tè-me basé sur la lan-gue et non plus sur la religion, argue le président de l’organisme, Ronald Marion. Ça ne veut pas dire que l’enseignement religieux ne pourrait pas se dispenser. Il faudrait regarder toutes les alternatives possibles, mais il ne fait aucun doute que le caractère de l’école, c’est avant tout d’être non confessionnel.»

Les défis du système scolaire de langue française

Un territoire étendu sur plus de 30 000 km2, de petites écoles qui font de leur mieux pour prévenir l’assimilation et garder les élèves dans le système: les conseils scolaires de langue française jonglent chaque jour avec des réalités qui donneraient des maux de tête à plus d’un.

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Y aurait-il place à l’amélioration au sein de ce système d’administration et de gestion complexe, bientôt vieux de 10 ans?

M. Marion croit que la situation la plus favorable à une meilleure éducation de langue française résiderait dans la création de deux systèmes d’enseignement parallèle: l’un pour tous les élèves anglophones, l’autre pour tous les élèves francophones de la province.

À ce jour, le président de l’ACÉPO qualifie de «rares» les exemples de collaboration entre conseils catholiques et publics, ajoutant qu’il s’est vu refuser le partage de plusieurs édifices par ses homologues des conseils catholiques. «Les partenariats entre nos deux systèmes sont souvent difficiles, alors, la solution ultime, c’est la fusion», lance-t-il à ce propos.

Le président de l’Association des enseignantes et des enseignants franco–on-tariens, Paul Tail-lefer, cite, lui, le cas de figure d’élèves francophones en provenance d’écoles catholiques qui se retrouvent à partager un édifice avec des élèves anglophones issus du système catholique plutôt qu’avec des francophones d’écoles publiques.

«Les statistiques nous démontrent qu’on perd 300 élèves par année au profit des écoles de langue anglaise. Le Livre blanc fait état des défis rencontrés au niveau de l’éducation de langue française. L’un des principaux problèmes qui revient, c’est l’hémorragie des élèves qu’il faut stopper», fait remarquer le président de l’AEFO.

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Ce dernier rappelle toutefois que le document de l’AEFO préconise, non pas une fusion, mais une collaboration accrue entre les conseils catholiques et publics et ce, dans le plus grand respect «des droits constitutionnels du système catholique».

Du 10 au 12 mars prochain, intervenants du milieu de l’éducation et membres de la communauté francophone pourront se prononcer sur ces mêmes questions ayant trait au futur de l’éducation de langue française lors du congrès d’orientation 2006 de l’Association des enseignants et des enseignantes franco-ontariens (AEFO).

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