Je suis rarement d’accord avec les commentaires de William Johnson, ancien président du lobby anglo-québécois Alliance Québec, que le Globe and Mail publie occasionnellement. Le plus souvent, M. Johnson réagit aux derniers développements sur le front constitutionnel, essentiellement pour répéter que même si 99% des Québécois votaient pour la souveraineté, cette option resterait illégale… La pertinence de cet argument m’a toujours échappée.
Récemment, cependant, je me suis surpris à partager la réaction de William Johnson au rapport de Bernard Lord sur l’avenir des programmes de langues officielles au Canada, qu’il a qualifié de tissu de platitudes « ne donnant pas au gouvernement le droit de présenter un nouveau Plan d’action pour les langues officielles aussi peu inspirant ».
Il soulignait par exemple que l’ancien Premier ministre du Nouveau Brunswick, nommé en catastrophe en décembre dernier pour diriger les consultations et conseiller le Premier ministre Stephen Harper et la ministre du Patrimoine Josée Verner, n’offre aucune analyse des succès ou des échecs du Plan quinquennal qui expirait le 31 mars. Aucune recommandation particulière sur le Programme de contestation judiciaire ou sur le statut du Collège militaire Saint-Jean. Rien que des considérations générales sans grande utilité parce que faisant déjà l’objet d’un large consensus: avantages du bilinguisme, importance de l’éducation et des arts, nécessité de coopération intergouvernementales, défis du vieillissement de la population, de l’urbanisation ou des nouvelles technologies…
Difficile de se débarrasser de ce sentiment négatif à la lecture du rapport de Bernard Lord. Encore plus difficile de comprendre la réaction enthousiaste de la FCFA (Fédération des communautés francophones et acadiennes, le lobby francophone hors Québec) dont la présidente Lise Routhier-Boudreau estime que « le gouvernement fédéral a désormais tout en main pour poser des gestes concrets dans le cadre de la prochaine stratégie du gouvernement fédéral en matière de langues officielles ».
Pour la FCFA, « il est clair que Bernard Lord a reconnu l’importance d’un geste décisif en matière de langues officielles ».