Une stratégie pour la francophonie à l’international: mettre les moyens en commun

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Publié 24/07/2012 par Guillaume Garcia

À l’heure de la mondialisation et de la multipolarisation du monde, deux francophones tirent l’alarme à travers une pétition pour que les pays dont les populations parlent la langue de Molière se lancent dans une action conjointe pour promouvoir cette langue. L’appel, intitulé L’urgence d’une stratégie émane de Jean-Louis Roy, président du C.A du Centre de la francophonie des Amériques et ancien président de l’organisation internationale de la francophonie, ainsi que de Dominique Gallet, co-producteur du magazine TV Espace francophone.

Mais dans quel but faire une pétition pour une stratégie à l’échelle de langue française? Jean-Louis Roy s’explique: «On voulait voir comment se posait la question de l’avenir de la langue française et combien de signatures on pouvait rassembler. Il y en a déjà 1000 et on espère un minimum de 3000 avant le sommet de Kinshasa en octobre.»

Un avis différent

Alors que le Forum international de la francophonie se déroulait au début du mois à Québec, les deux protagonistes de l’appel ont répondu à la demande des organisateurs du Forum, qui sollicitaient des «projets de toute nature», précise Jean-Louis Roy.

«Nous on est plutôt très confiants pour la langue française et on croyait intéressant de mettre sur la table une autre perspective que ceux qui ont pleuré toutes les larmes de leur corps depuis 50 ans.»

En effet, les deux hommes ne pensent pas que la bataille contre l’anglais soit encore utile. C’est d’ailleurs un des points de leur appel.

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«Le tout anglais constitue une obsession d’un autre temps et d’un autre monde. Il est une impasse d’où il faut au plus vite sortir dans l’intérêt des peuples ayant le français en partage.»

Ils pointent dans leur appel la progression constante d’autres langues, comme la Chine, l’Inde ou encore de grandes langues africaines.

Prendre le bon bateau

«Tous ces pays ont des politiques linguistiques. Il y a quelque chose qui se passe. Cette montée de plurilinguisme est importante et c’est certain que l’anglais va garder sa place significative, mais le français fait face à une grande demande en Amérique latine, en Afrique anglophone et en Asie. On doit répondre à cette demande.»

L’appel rappelle que «Par l’Histoire: au fil des siècles, la langue française s’est illustrée en portant très loin les outils critiques d’une pensée libre et singulière et les progrès des sciences.

Elle a exprimé les grands principes des Lumières et les a offerts au monde. Successivement, elle a été l’instrument de l’émancipation sociale, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de l’émergence d’institutions pour la communauté des nations. Par son universalité: la langue française est utilisée sur toute la planète par de très nombreuses nations à l’intérieur d‘elles-mêmes comme dans leurs rapports avec le monde, ainsi que dans les activités scientifiques et technologiques les plus avancées, de la génétique moléculaire à la conquête spatiale.

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Par son statut de langue de travail et de langue officielle du système des Nations Unies et de nombreuses organisations internationales, continentales et régionales, et par le statut de la France de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.»

Savoir répondre à la demande

Selon Jean-Louis Roy, les nations francophones ne répondent pas encore favorablement à toutes les demandes.

«Ici au Canada, les écoles d’immersion en Colombie-Britannique doivent refuser la moitié des élèves qui veulent s’inscrire. On manque de professeurs.»

Jean-Louis Roy espère que dans le futur, les pays pourront mettre en commun des ressources financières, techniques, humaines, pour répondre à cette demande de français. «Il y a des professeurs de français au chômage», dit-il.

L’Afrique comme sauveur

Le principal objectif de l’appel est de mettre l’Afrique au cœur des problématiques.

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«L’avenir du français est en Afrique. La langue française ne va pas disparaître, mais si l’Afrique décroche, elle deviendra comme les langues scandinaves. Elle sera parlée en France, un peu en Belgique, un peu en Suisse, un peu ici… Ça deviendra une langue du passé d’où l’importance de la coopération avec l’Afrique. Là-bas le français est lié à l’école.»

Jean-Louis Roy croit en la réussite de son appel et de la stratégie pour le français. Il prend en exemple la mise en place de TV5, alors que la France avait essayé par le passé de se lancer seule dans une TV en français à l’international.

«Avec d’autres pays francophones, ça a fonctionné. Il faut mettre les moyens en commun.»

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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