Lorsqu’on excelle dans sa discipline, on donne l’impression que tout est simple. Michel Tremblay excelle dans l’écriture et à travers le jeu des comédiens, on peut ressentir cette écriture, ces mots qui valsent sur la feuille de papier. Il faut comparer cela avec la musique: suivre correctement les notes indiquées sur une partition de Mozart va forcément donner une belle mélodie, mais y mettre l’interprétation est une autre paire de manches. Les comédiens présents sur la scène du TfT ont, d’un côté, eu la chance de travailler du Michel Tremblay, mais, de l’autre la responsabilité de ne pas le trahir. Mission réussie, leurs Fragments de mensonges inutiles se révèlent de très belle facture.
Michel Tremblay a écrit cette pièce après avoir appris les chiffres du taux de suicide chez les jeunes homosexuels au Québec.
À cheval sur deux époques, l’histoire met en scène deux jeunes hommes qui vivent une relation amoureuse, mais qui ne parviennent pas à le partager avec leurs parents respectifs. Le rideau se lève sur un décor tout en bois, représentant une première salle, qui pourrait être une cuisine où siège une table et des chaises. Sur les côtés de cette pièce, deux escaliers permettent d’accéder à un étage supérieur, formé d’une sorte de couloir ouvert vers le public.
Tous les personnages sont debout, un à un, ils se dirigent sur le côté de la scène, dans deux pièces cachées par des rideaux laissant entrevoir les comédiens. Personne ne sortira jamais de la scène durant toute la pièce, les comédiens prenant place à tour de rôle devant le public.
Jean-Marc (Michel Séguin) vit en 1958, son école est dirigée par des aumôniers et des curés. Le comportement de l’adolescent de 16 ans attire leur attention. Pas sportif, appréciant l’humour, il a pour meilleur ami Manu (Simon Traversy), avec qui ses relations sont plus qu’amicales. Il faut tirer cela au clair.