Les élections du 2 mai (2)
Le Parti libéral du Canada a-t-il encore un avenir? Peut-il espérer se relever de sa défaite historique du 2 mai (34 sièges, moins de 20% du vote) avec un nouveau chef? Doit-il envisager une fusion avec le NPD (et les Verts?) pour cesser de diviser la «gauche» canadienne, ou carrément un sabordage sachant que certains militants et électeurs passeront plutôt au Parti conservateur
On s’était posé des questions semblables en 1993 quand le Parti progressiste-conservateur majoritaire de Kim Campbell, qui succédait à un Brian Mulroney honni suite aux crises constitutionnelles et à l’introduction de la TPS, n’avait fait élire que deux députés. Jean Chrétien a pu gouverner sans partage, pendant trois mandats, grâce à la division de la «droite» entre Réformistes/Alliancistes et Progressistes-Conservateurs au Canada anglais, et ce en dépit de la domination du Bloc sur la scène québécoise. (Chrétien a aussi failli «perdre le Canada» quand le gouvernement séparatiste du Québec a obtenu 49% de oui à son référendum.)
Éventuellement, les Progressistes-Conservateurs de Peter MacKay et les Alliancistes de Stephen Harper ont créé le Parti conservateur que l’on connaît aujourd’hui: opposition officielle en 2004, gouvernement minoritaire en 2006 et 2008, décrochant enfin une majorité en 2011 grâce aux succès néo-démocrates qui ont fait reculer les Libéraux au Canada anglais, surtout en Ontario.
En annonçant qu’il quittait ses fonctions, Michael Ignatieff a clairement indiqué sa préférence pour le maintien d’un Parti libéral au «centre» de l’échiquier politique, qui profiterait un jour de la dérive des Conservateurs vers la «droite» ou de celle des Néo-Démocrates vers la «gauche».
Se jeter dans les bras (ou la gueule) de Jack Layton est certainement prématuré. Les prochaines élections n’auront lieu que dans quatre ans. Mais surtout, maintenant qu’ils forment l’opposition officielle, les Canadiens s’intéresseront davantage au programme du NPD et aux propos de ses représentants. Ils vont en entendre des vertes et des pas mûres, et pourraient retourner dans le giron libéral.